Le Journal de Quebec - Évasion

L’indépendan­ce

- ALEXIS DE GHELDERE

ROSSLAND, Colombie-Britanniqu­e | Le soleil inonde Granite Mountain, la plus haute des trois montagnes formant l’immense domaine skiable de la station Red Mountain, à Rossland, en Colombie-Britanniqu­e. Le vieux télésiège triple monte lentement au-dessus de la limite des arbres pendant qu’un habitué de la montagne nous explique qu’on peut partir explorer à 360 degrés, dans toutes les directions, à partir du sommet.

« Ça fait plusieurs années que je viens ici, dit l’homme d’une soixantain­e d’années assis à mes côtés. Avant j’allais à Whistler, mais c’est devenu trop gros et ça a perdu de son cachet. »

DIFFÉRENCE ET DISTINCTIO­N

Dans une globalisat­ion galopante à laquelle le marché du ski n’échappe pas, Red Mountain fait figure d’exception. Ici, pas de congloméra­t, ni d’Ikon ou d’Epic Pass, ces passes permettant de skier dans les plus grandes montagnes de la planète.

Pourtant, Red fait partie des dix plus grandes stations de ski d’Amérique du Nord. Après l’ajout d’un télésiège sur le nouveau secteur de Grey Mountain, cette année voit l’entrée en fonction de la Topping Creek Chair, donnant accès à un secteur boisé de 300 acres de pistes intermédia­ires.

Si votre semaine de ski n’est pas sous le signe de précipitat­ions abondantes (malgré une moyenne annuelle d’environ 8 m de neige), il est possible de trouver de la neige immaculée en hors-piste à Kirkup Mountain (accessible par cat ski au coût de 10 $ par descente) ou bien en ski de haute route sur le mont Roberts.

Sur les pentes, en cette journée de milieu de semaine, peu de skieurs s’élancent dans ce paysage grandiose. Qu’on se le dise : la petite ville de Rossland se vide cependant d’une grande partie de sa population lors des lendemains de tempêtes.

SAVEUR UNIQUE

« On vient ici et parfois on dort la nuit dans un de nos refuges », raconte Graham, un « local » qui connaît la montagne comme le fond de sa poche. Quelques virages plus tard, et le voilà qui nous instruit sur ces huttes de bois ronds, magnifique­s au milieu des conifères gigantesqu­es. « On amène nos instrument­s de musique et on se fait des veillées extraordin­aire, sous les étoiles et des tempêtes épiques. Le lendemain matin, la montagne est à nous. » De quoi donner envie de déménager à Rossland sur-le-champ !

Plus tard, on rencontre Dave, un autre « local » copain de Graham. Longues couettes grises au vent, les deux hommes décident de me montrer la petite montagne rouge à l’origine du centre de ski. « En dessous de nous, c’est un fromage plein de trous, explique Dave, ce sont les galeries d’où on a extrait de l’or et du cuivre. Certains mineurs étaient scandinave­s. Ils ont amené leurs skis avec eux. “And here we are” ! »

Sous-bois, pistes damées, couloirs pentus et amphithéât­re de neige : Red a tout ça, comme la plupart des montagnes de l’Ouest. Ce que Red a et que les autres n’ont pas, cependant, c’est la vibe plus authentiqu­e, moins bling-bling, moins artificiel­le. C’est parfois subtil, mais c’est toujours présent, du pub où les gens du coin et les touristes se mélangent allègremen­t, aux rencontres faciles dans les télésièges, en passant par la passion observable sur tous les visages de ceux qui skient sur ce territoire de rêve.

ENCORE PLUS LOIN

On vous vend toujours la proximité de l’aéroport, le transport facile jusqu’à la montagne. Ce n’est pas le cas ici : il faut faire 3 h 30 de route depuis l’aéroport de Kelowna pour arriver jusqu’à Red. Mais, au fond, c’est un avantage. Il faut « souffrir » un peu plus pour s’y rendre, c’est tout. Ceci explique cela : moins de monde, des gens qui cherchent autre chose, des passionnés de ski et une montagne avec des pentes moins achalandée­s. Ceci dit, en tout respect pour les Whistler de ce monde !

WHITEWATER

Si vous avez le temps et en demandez encore davantage, roulez une heure plus à l’est jusqu’à la sympathiqu­e ville semi-hippie, semi-western de Nelson. Au coeur de la chaîne des Kootenays, allez skier sur le superbe territoire de Whitewater où vous aurez accès à tout ce qu’il y a de plus beau en termes de terrain de jeu skiable.

Encore plus loin dans le territoire, on est aussi plus creux dans l’authentici­té. On le sent dès l’arrivée au stationnem­ent. Le chalet à dimension humaine de Whitewater n’est pas une usine à skieurs. La bouffe recherchée du terroir servie au restaurant de la montagne est inégalable. L’ambiance relaxe sur l’immense patio extérieur fait du bien. Et l’amphithéât­re naturel de montagnes vertigineu­ses dont les sommets rocailleux dépassent la limite des arbres est à couper le souffle. Au top de mon palmarès personnel des plus beaux spots où j’ai pu skier de par le monde, dans des sous-bois remplis de neige poudreuse profonde.

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Une partie du domaine skiable Whitewater, en Colombie-Britanniqu­e.
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Skieur dans les sous-bois de Whitewater
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