Le Journal de Quebec - Évasion
Lowell, une ville-musée
MASSACHUSETTS | En 1820, afin que les manufactures de textiles puissent tourner rondement, le petit village de Lowell est devenu la toute première ville-usine (mill town) des États-Unis. Pour en apprendre plus sur cette fascinante histoire mettant en scène nos ancêtres, il faut s’arrêter à la Boott Cotton Mills, une ancienne usine devenue un musée des parcs nationaux historiques américains.
La visite, disponible en français, est bouleversante et fortement liée à notre histoire. De nombreux Canadiens français, désireux de quitter la vie rude et difficile des campagnes, ont pris la route de Lowell, une petite ville en pleine expansion, située à une cinquantaine de kilomètres au nord-ouest de Boston. Rapidement, près du quart de la population est d’origine canadienne-française. Le reste se compose d’Irlandais, de Polonais, de Portugais, d’Asiatiques, etc.
La Boott Cotton Mills employait, à elle seule, 120 hommes et 950 femmes, majoritairement des jeunes filles venues de la campagne de la Nouvelle-Angleterre. Ces dernières, âgées de 15 à 35 ans, travaillaient 14 h par jour dans un environnement si bruyant que plusieurs d’entre elles devenaient sourdes. Elles vivaient sur le site, dans un pensionnat qu’il est également possible de visiter. Dans ce dernier, on découvre leur milieu de vie et l’on apprend qu’il leur était interdit de se marier et de fréquenter quelqu’un, sinon elles perdaient leur emploi. Bref, elles appartenaient à la compagnie ! Malgré ces conditions, ces dernières voyaient ce travail comme une possibilité d’émancipation.
Il y avait 10 de ces manufactures réparties sur un immense site qu’il est possible de parcourir grâce à un petit tramway. Chacune d’elles comptait 10 bâtiments qui fournissaient (pas gratuitement) tout ce dont leurs employés avaient besoin pour vivre et travailler, dont un pensionnat.
Ces anciennes manufactures de textile ont fait la richesse du Massachusetts au 19e siècle et ont rapidement créé une grande ville. Des 200 habitants en 1820, on en comptait 3500 en 1828 et 35 000 en 1850.
LOWELL AUJOURD’HUI
En quittant ces lieux chargés d’histoire, on parcourt cette ville qui compte aujourd’hui 115 000 habitants et dont les gigantesques bâtiments de brique rouge occupent aujourd’hui d’autres fonctions.
Pour faire un lien avec l’immigration des Canadiens français, on se lance sur la piste de Jack Kérouac, auteur de On the Road (Sur la route) et dont les parents étaient originaires du Bas-Saint-Laurent.
Un petit parc porte aujourd’hui le nom de l’écrivain phare de la Beat Generation qui est né et a grandi dans cette ville. Tout en visitant les endroits où il a vécu, qu’il a fréquentés ou qu’il a décrits dans ses livres, on découvre l’héritage des immigrants qui ont contribué à développer Lowell, tout particulièrement au niveau de la gastronomie.