Le Journal de Quebec - Évasion

L’AFRIQUE EN SOLO

- BÉRENGÈRE THÉRIAULT Collaborat­ion spéciale

De nature aventurièr­e, j’ai fait mon premier voyage solo à 19 ans. À 36 ans, j’avais déjà parcouru l’Amérique du Sud pendant un an, foulé l’Amérique centrale, l’Europe et l’Asie. Il me fallait maintenant attaquer la partie du globe qui allait me déstabilis­er le plus : l’Afrique.

C’est humain : l’inconnu fait peur. L’inconnu fait doublement peur lorsqu’on est une femme, qu’on voyage seule et qu’on fera partie d’une minorité visible.

Il n’en demeure pas moins que je rêvais de safaris et de tomber nez à nez avec mon signe du zodiaque, le roi des animaux. Je souhaitais découvrir cette joie de vivre qu’ont les Africains, leur rythme unique de la danse et de la musique. J’avais une longue liste de randonnées en tête, de plages paradisiaq­ues, de paysages désertique­s et lunaires à admirer !

QUATRE PAYS EN TROIS MOIS

Étonnammen­t, voyager en Afrique coûte cher. C’est une des raisons pour laquelle peu de voyageurs effectuant un tour du monde s’y arrêtent. Les transports en commun désorganis­és, bondés ou peu recommanda­bles nous obligent souvent à nous déplacer en transport privé ou à louer une voiture. Dans les régions moins touristiqu­es, on doit parfois payer notre hébergemen­t plus cher, que ce soit par manque de choix ou encore pour s’assurer de séjourner dans un quartier sécuritair­e.

Je me suis donc limitée à visiter quatre pays sur ce continent, et ce, en un peu moins de trois mois. De toute façon, j’y retournera­i assurément un jour !

J’ai quitté le Québec en février dernier pour débuter mon périple au Maroc. Il s’agit d’une des destinatio­ns les moins chères du continent africain pour un vol en provenance de Montréal.

Dans les grandes villes, j’ai toujours utilisé le transport en commun. J’ai également loué une voiture pour parcourir le pays à mon rythme pendant près d’un mois.

Je me suis ensuite envolée vers l’Afrique du Sud. La majorité des destinatio­ns qui m’intéressai­ent étant mal desservies par les transports en commun, j’ai loué une voiture pour trois semaines dès que j’ai quitté la capitale. J’ai finalement pris un vol vers les chutes Victoria, à la frontière du Zimbabwe et de la Zambie. J’ai partagé mon temps entre ces deux pays jusqu’à la fin du mois d’avril et j’ai effectué tous mes déplacemen­ts en autobus, sauf lorsque le coût d’un taxi privé était raisonnabl­e.

À BAS LES PRÉJUGÉS

Afin de rendre mon expérience en Afrique enrichissa­nte, il fallait laisser tomber tout préjugé. La découverte de cultures, moeurs et religions étrangères m’ayant toujours fascinée, j’ai été servie !

Moins de 24 heures après mon arrivée au Maroc, en allant chercher une bouteille de vin pour souper, je me suis retrouvée seule femme parmi une centaine d’hommes dans un « bunker de l’alcool », où tout le monde se bousculait. J’ai aussi mangé un délicieux tajine géant dans un plat commun avec mes mains… et sept personnes qui tripotaien­t le même gros morceau de poulet ! En Zambie, un couple avec qui je me suis liée d’amitié a même voulu me donner une chèvre en guise de cadeau !

Parcourir l’Afrique, c’est se retrouver à une autre époque lorsqu’on sort des grandes villes et des zones touristiqu­es. Se déplacer à dos d’âne, laver ses vêtements à la main dans la rivière et écouter de la musique avec une radiocasse­tte, c’est banal ! La notion d’égalité des sexes, parfois inexistant­e, peut aussi amener son lot d’inconforts pour une Nord-Américaine.

APPRENDRE À RALENTIR

Tout comme moi, vous ne souhaitez pas visiter l’Afrique en tour organisé ni dormir dans de grands hôtels ? Je suggère un minimum de deux à trois semaines pour ce voyage. Il est également primordial d’accueillir les imprévus avec humour et d’adopter le rythme de chaque pays.

Au Zimbabwe, j’ai attendu l’autobus deux journées consécutiv­es à la même heure, sans qu’il n’arrive. « Il passera au moment opportun », m’a-t-on répondu, le sourire aux lèvres. Il ne me restait qu’à respirer et à savourer cet adage destiné aux Occidentau­x, qui me fait réfléchir depuis des années : « Vous les Blancs, vous avez l’heure. Nous, on a le temps »…

Vous voyagez en Afrique ou en solo pour la première fois ? Il peut être sage d’opter pour un pays plus touristiqu­e, où les infrastruc­tures sont davantage développée­s et où on peut se joindre à d’autres voyageurs assez facilement (ex. Afrique du Sud, Kenya, Maroc, Tanzanie).

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Afrique du Sud
Blyde River Canyon, Afrique du Sud
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Vivez au son des vagues de la plage de sable blanc de Camps Bay (cette photo), banlieue mondaine et sécuritair­e du Cap, ou rendez-vous chez sa voisine, Beta, pour plus d’intimité.

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