Le Journal de Quebec - Évasion
Voyager pour s’inspirer
Même s’il a pris l’avion pour la première fois que tard dans la vingtaine pour un stage en France avec l’Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec, Danny St Pierre savait depuis longtemps que le monde ne s’arrêtait pas à son Laval natal : « Ma grand-mère maternelle était d’origine polonaise. L’une de mes tantes a marié un Napolitain et une autre, un Bolivien d’origine juive allemande. Alors, quand j’allais chez mes grands-parents, j’avais l’impression d’avoir les Nations Unies réunies autour de la table », dit-il.
Après son stage en France, qui a littéralement changé sa vie, il s’est découvert une réelle passion pour les voyages, très souvent gastronomiques.
Après tout, la gastronomie est une porte d’entrée vers un peuple et sa culture. Et ce qu’il ramène de ses périples se retrouve un peu dans les assiettes qu’il nous propose.
Vous avez eu la chance de visiter le Canada pour l’émission de TV5 Ma cabane au Canada. Quels ont été vos grands coups de coeur lors de ce périple ?
J’ai eu beaucoup de plaisir à découvrir le pays dans son ensemble. À mes yeux, le Canada est formé de plusieurs petits pays coincés en un seul, et ils ont chacun leur particularité. Mais à choisir, j’ai eu un grand
coup de coeur pour Willow Bunch en Saskatchewan, une ville à proximité du Dakota du Nord. J’ai passé beaucoup de temps au sein d’une famille dont les enfants étaient inscrits à un programme Sport-études en rodéo ! Autrement, leur mode de vie et leurs rituels ressemblent à ceux des cowboys. La plupart des gens que j’ai rencontrés vivent sur des fermes. Le paysage m’a également beaucoup plu avec ses plaines à perte de vue et cette lumière blanche et sèche que l’on ne voit nulle part ailleurs.
D’autres endroits vous ont particulièrement séduit au Canada ?
Le Lac La Biche à 200 km de Fort Murray, dans le nord de l’Alberta, à l’entrée des Rocheuses ! Le panorama est magnifique avec ses montagnes à perte de vue. Le plus grand plaisir des habitants est de chasser, pêcher et faire des courses avec de gros camions 4X4. Ils sont très axés sur la famille, et proches de la terre. Un style de vie bien loin de la réalité urbaine des Montréalais. Kelowna en Colombie-Britannique m’a aussi charmé. La ville est belle et gastronomique. C’est aussi l’endroit où l’on retrouve le plus haut taux de PDG à la retraite au pays ! Kelowna est au coeur de la vallée de l’Okanagan, l’une des plus grandes régions viticoles du Canada, simplement fascinante à découvrir.
Vous êtes amoureux fou des Îlesde-la-Madeleine ?
On a tendance à sous-estimer le Québec qui a tant à offrir ! Les gens préfèrent voyager dans des voyages tout-inclus bas de gamme, dans le Sud, alors qu’ils pourraient plutôt dépenser au Québec et faire la découverte de tant de belles régions comme celle des Îles-de-la-Madeleine. Bucolique à souhait avec les maisons multicolores à flanc de montagne ! Et que dire du paysage marin ! On est privilégiés d’avoir de tels panoramas dans notre pays tout en utilisant nos devises ! En plus, les Madelinots sont très sympathiques,
et ils vont à la rencontre des gens. Voilà bien un endroit au Québec où on a compris comment recevoir le monde !
Et qu’aimez-vous faire en particulier aux Îles-de-la-Madeleine ?
Me délecter de homards, manger une poutine à la Fromagerie du Pied-De-Vent, boire une bière d’exception à la microbrasserie À l’abri de la Tempête ou, encore, voir un spectacle de Louis-Jean Cormier à la salle Les Pas Perdus… Le kite surf est une activité très populaire aux Îles. Et en famille, on peut s’amuser avec un cerf-volant ou faire des feux au bord de la mer ! Les Îles m’offrent vraiment tout ce que j’aime faire le plus dans la vie !
Vous êtes également un habitué du Mexique ?
J’y suis allé une quinzaine de fois. Je suis un gars d’habitude ! Longtemps, j’ai fréquenté Playa Del Carmen avant qu’elle ne soit prise d’assaut par les touristes ! J’y louais des condos et je connaissais l’endroit comme le fond de ma poche. Je savais où aller manger ou, alors, je fréquentais les marchés pour acheter de bons produits que j’apprêtais ensuite. Je suis parti à l’aventure pour des excursions en voiture très le fun. J’ai visité Tulum, les ruines de Chichén Itzá, je me suis baigné dans les cénotes (puits d’origine naturelle causés par l’effondrement des terrains calcaires environnants. Ils sont parfaits pour la baignade et la plongée en apnée). Aujourd’hui, je n’y vais plus, car c’est devenu bien trop touristique.
Il semble que vous ayez une affection particulière pour le Maine ?
Pour Portland en particulier et ses environs, car c’est l’une des villes où on mange le mieux aux États-Unis. En plus, les habitants sont extrêmement gentils ! Il y a de beaux marchés publics, et j’adore goûter à leurs lobster rolls, en savourant une bière de leurs microbrasseries ! Portland me rappelle beaucoup le côté décontracté de Montréal. On a tendance à éviter Portland, car on l’associe à tort à d’autres destinations comme Old Orchard, mais ça n’a rien à voir ! Allez faire un tour chez J’s Oyster Bar, et vous allez adorer. D’abord les huîtres sont sublimes bien sûr, et l’atmosphère est très agréable. La population locale s’y rassemble. On y voit des familles et des travailleurs en uniforme qui se régalent, de belles filles qui relaxent devant une pinte de bière… Chaque fois que j’y vais, j’ai l’impression de vivre un moment authentique entouré de tous ces locaux !
Il y a d’excellents restaurants aussi…
À Portland, il faut aller au restaurant Fore Street dont l’un des propriétaires était aux dernières nouvelles le réputé chef Sam Hayward. Je me souviens y avoir mangé des bébés flétans rôtis dans un four à bois ! Un resto que j’ai adoré, car on y mange très bien sans que ce soit « coincé du cul » ! Seulement à 5 heures de Montréal, et la route pour s’y rendre est superbe !
Vous aimez particulièrement l’Italie ?
Surtout pour sa cuisine et pour les produits de grande qualité qu’on y trouve. J’adore y séjourner, vivre comme les Italiens, acheter mes produits dans les marchés et les cuisiner moi-même. On peut aussi très bien manger dans les restaurants sans débourser des sommes faramineuses. Autre avantage, les restos sont tellement nombreux que l’on n’a pas à se préoccuper de réserver ou non, il y a toujours de la place. Pour bien manger, je vais surtout dans les restaurants fréquentés par les familles et les chauffeurs de taxi.
Où êtes-vous allé en Italie ?
J’ai visité en voiture la Sicile, la Toscane, et je voue un attachement particulier à Rome. Je m’intéresse à l’histoire, et je trouve ressourçant de pouvoir découvrir une culture millénaire. Je me fais des voyages culinaires à Rome et je goûte aux meilleures charcuteries ou au meilleur cacio e pepe (pâtes au fromage et poivre) de toute la ville que je découvre en même temps ! Parlant de cacio e pepe le plus succulent à Montréal est celui de Chez Luciano sur la rue Saint-Zotique, je crois même qu’il est meilleur que tous ceux goûtés en Italie !
Et dans quel restaurant avez-vous le mieux mangé dans le monde ?
En France ! LE plus beau voyage gastronomique de toute ma vie est celui avec la famille Cabanes, propriétaire des pâtisseries de Gascogne. Je travaillais pour leur groupe et nous sommes allés en France pour le travail. Nous avons mangé au très réputé restaurant L’Ambroisie à Paris. C’est un trois étoiles, la plus haute distinction Michelin ! Une vraie épiphanie culinaire ! C’est à ce restaurant que j’ai appris en quoi consiste de la vraie grande cuisine française. Le Comptoir du Relais Saint Germain, qui sert de la cuisine de bistro et dont le chef est Yves Camdeborde, m’a aussi épaté ! Enfin, j’ai savouré un repas Aux Lyonnais, un bistro ayant pour chef Alain Ducasse, un des deux chefs à détenir le plus grand nombre d’étoiles Michelin au cours de toute sa carrière !