Le Journal de Quebec - Évasion
VOYAGER, un mode de vie pour Ingrid Falaise
L’auteure, animatrice et comédienne Ingrid Falaise voyage depuis sa tendre enfance. Née d’une mère suédoise, elle passait ses étés accompagnée de ses soeurs chez ses grands-parents, à Falkenberg, en Suède. Son père lui a aussi inculqué le goût du voyage : « Mon père qui a travaillé sur les navires dès l’âge de 17 ans a fait une belle carrière dans le domaine maritime. Il voyageait beaucoup pour le travail. D’ailleurs, mes parents ont eu la chance de visiter la plupart des pays sur la planète. Et j’ai toujours eu ce désir de faire comme eux ! Ça me pèse parfois de savoir que je n’aurai probablement pas assez d’une vie pour voir tout ce qu’ils ont vu », confie celle qui rêve maintenant de visiter Taïwan, le pays d’origine de son filleul. Parlez-nous de la Suède, ce pays que vous affectionnez particulièrement ?
Le peuple suédois a une façon de vivre et des valeurs que je trouve formidables. Le pays est égalitaire entre les hommes et les femmes. La capitale Stockholm est propre, il y a peu de pollution, et toutes les infrastructures ont été conçues en fonction de la protection de l’environnement. Les sports sont obligatoires à l’heure du lunch, alors il y a des joggeurs partout dans la ville ! En plus, le pays est vaste. Il y a beaucoup à voir, et les paysages sont très changeants selon les régions.
Dans ce pays les paysages sont très variés, semble-t-il ?
Dans le sud, il y a la magnifique Skea Strand, une immense plage qui accueille de nombreux Suédois l’été. Une longue étendue de sable brun doré, avec des quais, des terrains de volleyball et des galets. Les gens ne s’imaginent pas que l’été, il fait chaud en Suède. La température est très semblable à celle du Québec à la même période. Évidemment, tout au nord, le paysage change avec toute cette neige à perte de vue. On peut même y apercevoir des rennes !
Il faut savoir que la Suède est un pays très étendu en latitude. Elle connaît différents climats : le climat subpolaire de la Laponie et des Alpes scandinaves, le climat baltique semi-continental de la côte du centre-sud, et le climat moins froid et presque océanique des côtes et des îles du sud.
L’architecture est aussi très différente non ?
La plupart des maisons sont rouges et construites dans un bois magnifique. Le soir, les gens s’éclairent à la chandelle. C’est la tradition en Suède. D’ailleurs, ma mère a gardé cette habitude. Le soir venu, elle s’allume des bougies. Stockholm est également une ville avec beaucoup d’eau, et ses nombreux ponts lui confèrent beaucoup de charme.
Que faut-il voir en Suède ?
Le musée Vasa, là où est exposé le bateau de Vasa, un bateau de Vikings qui a coulé en 1628. C’est assez fascinant de découvrir ce grand navire en bois, que l’on peut observer de près. Son odeur de vieux bois m’a aussi frappée. J’adore aller en Suède en raison de son riche passé historique. Quand on se promène, on a l’impression de sentir le sang qui a coulé... Il y a un très grand respect des morts dans ce pays. Leurs cimetières sont très beaux, construits dans de grands champs de fleurs avec des étangs. Tout est propre et particulièrement bien entretenu ! Stockholm a aussi un château en plein coeur de la ville, où vivent les souverains du pays. Il arrive parfois que le roi vienne saluer ses sujets de sa fenêtre !
Vous aimez aussi beaucoup le Danemark ?
Chaque fois que je vais en Suède, je prends le traversier et je me rends en une heure environ à Copenhague, sans manquer de goûter à leur fameuse crème glacée, qui est la meilleure au monde ! Petite anecdote, à la sortie du traversier, des tas de coccinelles nous accaparent. Je ne sais pas si c’est toujours le cas, mais pour ma part, j’ai vécu cette expérience chaque fois. J’ai toujours pris beaucoup de plaisir à me balader dans la ville avec ses petites rues en pavés, et ses vieux édifices jaune pâle. À la campagne, plusieurs splendides châteaux ont été transformés en hôtels, pour le plus grand plaisir des voyageurs ! Je garde d’excellents souvenirs de mes promenades à cheval aux abords des châteaux. Je me sentais transportée dans une autre époque.
À 21 ans, vous avez eu la chance de vivre dans une famille à Cuba, voilà une belle expérience…
J’ai vécu deux semaines dans cette famille à San Miguel Del Padron, à proximité de La Havane. J’ai vraiment goûté à la vie cubaine, comme si j’étais une Havanaise. À l’époque, les gens chez qui j’habitais devaient acheter la nourriture avec des
coupons. Il n’y avait pas de protocole, tout se marchandait. Ils rafistolaient leurs voitures avec de la broche et avec tout ce qu’ils pouvaient trouver. La pauvreté était omniprésente et j’ai vu beaucoup d’immeubles en décrépitude. Par contre, j’ai senti une grande joie de vivre. Les gens se rassemblent, vivent dehors, il fait chaud, c’est toujours l’été ! Et la musique résonne de partout ! Il y a aussi toute l’histoire de ce pays et son climat politique. À La Havane, je me souviens d’avoir marché sur le Malecón, cette large avenue bordée d’une digue sur laquelle la mer vient se fracasser. Les Cubains m’ont expliqué que de cet endroit, plusieurs personnes ont fui le pays en pneumatique vers les États-Unis.
Quelle a été l’une de vos plus belles expériences en voyage ?
Ma randonnée dans le désert du Sahara à dos de dromadaire. Quel bonheur d’admirer son immensité et ses dunes à perte de vue ! J’avais l’impression de voir le sable rencontrer le ciel. Je me souviens aussi de cette fois où j’ai aperçu une petite fille apparaître en plein milieu de nulle part. Elle est apparue avec sa poupée dans les mains en venant vers moi ! Elle voulait que je lui achète sa poupée, mais très vite elle a continué son chemin. Et je l’ai perdue dans l’horizon infini. Un moment d’une grande beauté qui a marqué mon imaginaire !
Vous avez aimé votre expérience à dos de dromadaire ?
Je ne le ferai plus, car je suis contre toute cruauté animale. À l’époque, je n’étais pas sensibilisée à toute la torture qu’ils doivent subir lorsqu’ils sont entraînés à coups de bâton à obéir aux humains. Il s’agit d’esclavage et leurs maîtres n’ont aucun scrupule à les faire souffrir. Les dromadaires ne sont que des machines à faire de l’argent. Cela dit, ce fut très impressionnant de découvrir le désert sur leur dos, avec mon turban sur la tête… Je me souviens encore de la sensation du vent qui fouettait mon visage complètement couvert de sable. Un périple que je n’oublierai jamais…