Le Journal de Quebec - Maison Extra
Les femmes
dans l’industrie de la construction
Même si elles sont minoritaires, les femmes sont bien présentes dans l’industrie de la construction… mais il reste encore du travail à faire pour mieux les intégrer !
Àl’heure actuelle, dans tous les secteurs de la construction confondus, la présence des femmes frôle le 2 %, rapporte Samuel Harvey, Chef de service, Direction des relations du travail à l’association de la Construction du Québec (ACQ). « Parmi ce taux, en 2016, 23 % de femmes travaillaient dans le secteur résidentiel », ajoute-til. En général, elles se tournent vers les métiers de charpentière-menuisière, électricienne, peintre, plâtrière, manoeuvre et également arpenteure. Celles qui choisissent ces emplois sont attirées par le travail manuel, mais aussi par le fait d’oeuvrer dans une industrie dynamique qui travaille très fort pour leur offrir un milieu accueillant et épanouissant…
Les mentalités évoluent
Il y a plusieurs années, le secteur de la construction était réservé aux hommes et il y avait très peu de femmes. Il y a plus de 20 ans, elles étaient victimes de commentaires sexistes, d’inconduites et elles finissaient par quitter l’industrie au bout de quelques années seulement. Dans un passé récent, il y a trois ou quatre ans, le même scénario se répétait : « Environ 50 % des femmes quittaient après deux ans, parce que le milieu de travail n’était pas intéressant pour elles et elles ne se sentaient pas les bienvenues », explique M. Harvey. Aujourd’hui, rien n’est parfait, il y a encore des comportements inacceptables, mais il y a une progression et une amélioration du milieu de travail. Les mentalités évoluent lentement, mais sûrement : en très peu de temps, on a vu des changements vraiment importants. Comparativement à l’année dernière, il y a 30 % plus de femmes qui ont intégré l’industrie de la construction…
Des gestes concrets
Pour faciliter davantage leur entrée dans ce monde majoritairement masculin, des gestes concrets sont posés et le travail effectué sur le terrain porte fruit. Par exemple, à chaque année, L’ACQ organise un colloque pour sensibiliser les employeurs et mieux les outiller dans leur intégration des femmes. Un guide informatif est ainsi destiné à leur intention, leur indiquant, entre autres, de quelle manière ils peuvent s’y prendre pour mieux les introduire dans le milieu.
Il y a également le PAEF – Programme d’accès à l’égalité des femmes dans l’industrie de la construction – qui a été mis sur pied à la grandeur du secteur. Toutefois, selon M. Harvey, il ne concerne que les femmes qui oeuvrent sur les chantiers de la construction. Il ne faut pas oublier toutes celles qui gravitent en périphérie, dans les bureaux administratifs ou comme chargées de projets : 12 % de la main-d’oeuvre sont des femmes dans ces différents emplois. « Ce ne sont pas seulement celles qui sont sur les chantiers qui doivent se sentir les bienvenues, mais celles aussi qui travaillent dans des métiers connexes », confie M. Harvey.
On les aide également dans leur formation : un programme offre ainsi à une nouvelle diplômée de pouvoir être parrainée. C’est ce qu’on appelle le compagnonnage où elle est jumelée pendant sa première année à un compagnon – homme ou femme – pour lui permettre de développer toutes les compétences reliées à son métier. « On veut s’assurer qu’elle soit le plus compétente et polyvalente possible. On développe son employabilité », dit-il.
La mixité en chantier
Malgré tout, il y a encore des préjugés sur le terrain. Certains individus pensent encore que les femmes ne sont pas assez fortes, qu’elles ne sont pas capables de faire la job, etc. Des commentaires qui n’ont pas leur place. Il n’y a aucune raison pour qu’une femme ne puisse pas opérer aussi bien qu’un homme une pelle mécanique sur un chantier. « Pas besoin de force physique, on utilise les commandes avec les mains », signale M. Harvey.
Quant aux métiers vraiment « physiques », comme celui de monteur d’acier, une femme de force moyenne aurait de la difficulté… tout comme un homme de force moyenne également ! Peu de gens peuvent faire ce travail, que ce soit un homme ou une femme n’a pas d’importance.
Pour contrer cette problématique, l’industrie de la construction a mis sur pied la campagne La mixité en chantier. On peut donc apercevoir des pancartes proclamant, par exemple : « Cette pelle mécanique n’a pas de sexe ». Ce moyen consiste à atteindre les personnes récalcitrantes qui sont moins ouvertes au changement. « À force de voir les pancartes et d’en parler, on espère changer les mentalités », soutient M. Harvey.