Le Journal de Quebec - Maison Extra
Les enjeux de la construction résidentielle
Comment se porte la construction résidentielle au Québec ? Quels sont les principaux enjeux pour 2018 ? Petit portrait de la situation…
Le prix des maisons a beaucoup augmenté depuis les années 2000, rapporte François-william Simard, vice-président Développement stratégique et Communications à l’association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ). « Le coût moyen d’une maison au Québec est actuellement de 275 000 $. À Montréal, il est encore plus élevé », dit-il. L’année 2017 a quand même été bonne pour les mises en chantier, avec une hausse de 8 % par rapport à 2016. Cependant, ce résultat est trompeur, puisque, lorsqu’on creuse un peu les statistiques, on se rend compte que la part du locatif est plus élevée, souligne M. Simard : « On est dans une société où les ménages sont beaucoup locataires. » Comme plusieurs ne sont pas en mesure d’acheter leur première maison, le principal enjeu est l’accession à la propriété pour les jeunes acheteurs…
Mise de fonds
En général, cette clientèle désire habiter dans une propriété récente, alors elle va louer des condominiums neufs qui sont plus accessibles, mais il faudrait poser des gestes concrets pour changer la situation afin qu’elle puisse devenir propriétaire. Toutefois, comme l’explique M. Simard, dans les cinq à 10 dernières années, trop peu d’efforts ont été faits de la part des différents gouvernements pour que les jeunes ménages puissent acheter leur première maison.
Les sondages des dernières années confirment cette problématique : les gens sont capables de faire leur paiement hypothécaire mensuel, mais ils éprouvent de la difficulté à accumuler la mise de fonds nécessaire. Il y aurait divers moyens pour permettre aux futurs propriétaires d’acquérir leur première résidence, comme un programme panquébécois à la grandeur du Québec. Les modalités seraient à déterminer, mais on aiderait ainsi les acheteurs à amasser leur mise de fonds. La Ville de Québec est déjà proactive avec son programme Accès Famille qui épaule les gens en finançant une partie de leur mise de fonds.
RAP et taxe
Il y aurait également la possibilité d’avoir un Régime d’accession à la propriété (RAP) intergénérationnel. Actuellement, les personnes peuvent piger dans leur Régime enregistré d’épargne-retraite (REER) pour financer la mise de fonds : « Mais on aimerait ça qu’un parent, qui le désire, puisse le faire de façon temporaire pour un de ses enfants », ajoute M. Simard.
De plus, lors de l’achat d’une première maison, la taxe de bienvenue, qui est de plus en plus dispendieuse, représente souvent un casse-tête et même un frein pour les acheteurs. Elle pourrait carrément être abolie ou des mesures compensatoires pour- raient être mises de l’avant : « Ce n’est pas une taxe qui apporte énormément de services et elle est très élevée », soutient-il. Pour une maison de 280 000 $, vous débourserez environ 2700 $ pour la taxe de bienvenue…
Certains endroits sont carrément inaccessibles pour les jeunes ménages, notamment sur l’île de Montréal. Ils vont plutôt choisir de s’exiler dans la première ou la deuxième couronne qui sont des lieux plus intéressants sur le plan financier. Une situation plutôt paradoxale, signale M. Simard : « On veut freiner l’étalement urbain, on veut que les jeunes demeurent dans les grands centres, mais ils s’éloignent, car les maisons ne sont pas abordables. » La ville de Québec n’est pas à l’abri de cet exil obligé, puisque plusieurs se tournent vers la Rive-sud, à Lévis par exemple, ou près des ponts à Saint-nicolas.
Beaucoup de paperasse
Sur le plan de la main-d’oeuvre, une lourdeur administrative pèse sur les entrepreneurs en construction en ce moment. « Il y a beaucoup de paperasse et de plus en plus de réglementations, même au niveau municipal », confie M. Simard. On leur demande davantage de choses qui ont un impact financier sur le projet et sur l’acheteur. Quand on ajoute quelques milliers de dollars à la construction, le consommateur paie davantage.
Il ne faut pas non plus négliger la rénovation dans le secteur résidentiel. Elle a obtenu de bonnes performances d’un point de vue économique au cours des dernières années. Les différents crédits d’impôt mis en place, comme Rénovert, ont été très stimulants et ils ont eu un effet concret. Ils créent de l’emploi et permettent de lutter contre le travail au noir. Effectivement, puisque les gens doivent accumuler leurs factures pour les inclure dans leur déclaration de revenus, ils sont obligés d’embaucher un entrepreneur en suivant les normes et les règles de l’art…