Le Journal de Quebec - Weekend
INTRIGANTE SCHIZOPHRÉNIE
Film d’Érik Canuel. Avec Maxim Gaudette, Laurent Lucas, Laurence Leboeuf, Benoît Gouin, Mylène Dinh-Robic, Sylvain Marcel et Gildor Roy.
Le pari était ambitieux : offrir un divertissement grand public mariant suspense, comédie, action et drame. Au final, l’exercice s’avère réussi… du moins, en grande partie.
Après La Loi du cochon et Cadavres, Érik Canuel revient avec Lac mystère, un film schizophrène, mais fort intéressant. Mettant en scène des personnages ayant perdu leurs repères, le long-métrage captive en mélangeant différents genres cinématographiques. Malgré quelques ruptures de ton indésirables, l’aventure vaut le détour.
Lac mystère démarre avec force. Hôpital, larmes, hémoglobine… Érik Canuel happe le spectateur avec une réalisation nerveuse et diablement efficace. Après cette séquence haletante, on effectue un bond en arrière, où l’histoire commence vraiment. Éric (Maxim Gaudette) balance son téléphone cellulaire par la fenêtre de son auto après avoir laissé un message qui en dit long sur son état d’esprit : «J’ai vidé les coffres de la compagnie. N’essayez pas de me retrouver. Vous ne reverrez plus ma crisse de face!»
Qu’est-ce qui s’est passé? Pourquoi fuit-il la ville? Nous trouverons réponses à nos questions à comptegouttes durant le film.
Visiblement dérouté, l’homme d’affaires s’embarre dans un chalet au bord d’un lac. Il débranche le téléphone et s’apprête à plonger dans une retraite fermée.
Mais un voisin fantasque (Laurent Lucas), un noyé introuvable, une danseuse nue (Laurence Leboeuf) et un policier jaloux (Benoît Gouin) l’empêcheront de trouver la paix tant recherchée.
LUMINEUSE LAURENCE LEBOEUF
Côté interprétation, aucun maillon faible. Apparaissant dans presque toutes les scènes du long-métrage, Maxim Gaudette s’illustre dans la peau d’un homme en quête d’identité (il change même de prénom au début du film). Dans la peau de Kate, une stripteaseuse cherchant l’amour, Laurence Leboeuf est lumineuse. L’actrice crève l’écran et accroche un sourire au visage. S’éloignant des clichés propres aux danseuses nues, Laurence Leboeuf évoque le côté frivole et léger du métier, sans toutefois écarter la lourdeur du milieu. Elle apporte une bouffée d’air frais au film.
Dans le rôle du voisin aussi troublé que troublant, Laurent Lucas tire aussi son épingle du jeu. Même chose pour Benoît Gouin, qui mord à pleines dents dans son personnage de policier cowboy.
La plupart des genres sont exploités avec doigté. Canuel réussit à installer une atmosphère lourde et oppressante autour du mystérieux dès les premiers plans. On croit aussi à l’histoire d’amour entre Éric et Kate, deux êtres meurtris qui semblent faits l’un pour l’autre. On croit aussi à l’amitié naissante entre Éric et Philippe, son voisin envahissant.
C’est quand l’intrigue prend une tournure comique qu’on décroche. On tombe dans la caricature grotesque, les blagues absurdes et l’humour premier degré. Heureusement, ces cassures de ton surviennent seulement quand les personnages joués par Gildor Roy et Sylvain Marcel entrent en scène.