Le Journal de Quebec - Weekend
LA DESCENTE AUX ENFERS
DE CATE BLANCHETT
Dans Jasmine French, nouveau film de Woody Allen, Cate Blanchett incarne l’ex-femme d’un financier véreux qui tente de refaire sa vie.
Jasmine (Cate Blanchett) arrive à San Francisco pour vivre avec sa soeur Ginger. Elle a tout perdu: son mari – un homme d’affaires qui a accumulé manoeuvres frauduleuses et maîtresses -, ses fourrures, ses bijoux, son argent. Entre les Xanax et les martinis, elle va essayer de récupérer son rang social.
Pour l’actrice, qui a dévoré le scénario après avoir été approchée par Woody Allen, Jasmine French est un personnage en or. «C’est une fable très contemporaine. Qui n’a pas suivi l’affaire Madoff et qui n’a pas été marqué par le côté épique de cette catastrophe? De plus, on trouve énormément de personnages féminins dans l’histoire du cinéma américain qui marchent sur cette fine ligne entre réalité et fantasme, comme Blanche DuBois dans
Un tramway nommé Désir… Mais Woody a un rythme et une vision de l’univers très particuliers qui fait qu’on se retrouve d’abord et avant tout dans un film de Woody Allen», a-t-elle expliqué aux médias lors d’une interview à Los Angeles.
MONDE IMAGINAIRE
Jasmine, en effet, évolue dans un monde à part. Psychologiquement instable, elle se réfugie dans le passé, n’accordant son attention aux autres qu’en fonction de ce qu’ils peuvent lui apporter.
«Le niveau d’illusion et d’imagination de Jasmine ainsi que de Ginger est impressionnant. Elles sont toutes les deux des enfants adoptées par une famille de la classe moyenne, Jeanette a changé son prénom en Jasmine et la fiction qu’est sa vie débute à ce moment-là. Elle est déterminée à se créer un monde imaginaire et à l’habiter en devenant ce qu’elle veut», a dit Cate Blanchett.
«Le génie de Woody est que, même si on a l’impression qu’il écrit ses films pour un public très particulier – provenant d’un milieu spécifique et ayant eu une éducation caractéristique – il trouve le moyen de créer des personnages qui représentent tous les hommes et toutes les femmes en général. Même si les histoires se déroulent dans un univers bien à lui et qu’il connaît, elles résonnent chez tout le monde. C’est pour cette raison qu’il a fait autant de longs-métrages aimés du public depuis des décennies. Ils sont à la fois uniques et des archétypes.»
«Si Jasmine French peut être perçu comme la déchéance d’une pauvre petite fille riche, beaucoup de gens y verront le rêve américain qui a été brisé en mille morceaux au cours des dernières années. Tous les types de publics y trouveront leur compte, en raison du contexte économique, de nombreuses personnes ont dû réévaluer leurs aspirations.»