Le Journal de Quebec - Weekend
LA TÉLÉ ANALYSÉE
Analystes et planificateurs médias ont eu un accès privilégié aux grilles des différentes chaînes télé en début d’été. À quelques jours de leur mise en ondes, alors que toutes les nouveautés nous sont enfin présentées, je me suis demandée quelles sont les
«On s’aperçoit d’abord que la télé est loin d’être morte, lance d’entrée de jeu Francine Marcotte, vice-présidente et directrice de Cossette Média. Elle s’avère de plus en plus interactive. Différents contenus sont développés pour des applications sur un deuxième écran. Nous savons maintenant que de plus en plus de téléspectateurs regardent une émission munis de leur cellulaire ou de leur tablette. Ça représente de belles opportunités publicitaires. Il y a plus d’opportunités d’intégration.»
Et contrairement à ce que l’on pourrait penser, ce deuxième écran ne semble pas nuire à l’écoute du premier. En tout cas, il avantage les annonceurs dont le défi est devenu plus grand depuis l’avènement de la vidéo sur demande. «Une étude démontre que lorsqu’un produit est annoncé alors qu’on a une tablette entre les mains, le consommateur a le réflexe de s’informer davantage sur celui-ci et va éventuellement chercher le produit», confirme Francine Marcotte.
RÉSEAUX SOCIAUX
La communication sur les réseaux sociaux, via Twitter ou Facebook par exemple, ajoute aussi de la valeur à une émission. Certaines émissions sont des succès virtuels. Souvenez-vous l’automne dernier, La galère faisait encore plus jaser qu’Occupation double dans les réseaux sociaux. Il faut dire que son auteure, Renée-Claude Brazeau, y est très active.
«Les réseaux sociaux ont un impact sur l’engagement, poursuit Francine Marcotte. Un souper presque parfait à V, notamment, a beaucoup d’adeptes sur Facebook. Sa cote d’engagement social est très élevée. On remarque aussi que la téléréalité est moins écoutée en différé contrairement à la fiction dont 20 à 30% des auditeurs regardent les épisodes à un autre moment en sautant les pauses publicitaires, ajoute-telle. D’autant plus que d’excellentes séries s’affrontent les soirs de semaine.»
CONTENUS QUÉBÉCOIS
«La bonne nouvelle quand on observe les grilles, c’est qu’il y a beaucoup de contenus québécois, note Marti- ne Mailly, directrice du placement électronique pour Aegis Media. Les diffuseurs comprennent l’importance de développer des contenus originaux d’ici. La valeur d’une émission locale est beaucoup plus grande lorsqu’un annonceur peut y faire de l’intégration. Une émission étrangère déjà filmée ne peut être personnalisée d’aucune façon.» «Il faut aussi comprendre qu’on achète plus simplement du temps d’antenne télé mais bien de la vidéo. D’où l’importance de développer des contenus originaux pour plusieurs plateformes. Développer du contenu au Québec s’avère très dispendieux, ajoute-t-elle. Nous avons un petit marché. Mais même les chaînes spécialisées font un effort. On le voit à Moi & cie avec des émissions originales comme celle qu’animera Mitsou ou l’arrivée de Véronique Cloutier à Canal Vie avec sa téléréalité dont on va beau-
coup parler. V connaît aussi une belle croissance grâce à ses productions locales. L’offre que la chaîne propose en soirée avec Éric Salvail, c’est un gros pari, mais aussi une belle alternative.»
Une excellente nouvelle donc pour les artisans dont on dit le média en perte de vitesse.
PRÉVISIONS DE L’AUTOMNE
Quelles seront donc les émissions qui attireront les foules cet automne ? «On dresse d’abord un Top 20. Ce top est recherché par les annonceurs. TVA en est un habitué, mais récemment Radio-Canada a su bien se positionner», explique Martine Mailly.
Étonnamment, peu de nouveauté s’y trouvent. Le Top 20 s’avère plutôt conservateur. Faites-moi confiance, le nouveau jeu qu’animera Guillaume Lemay-Thivierge en septembre à TVA se hisse parmi les téléromans, séries et gros canons tels Le banquier et OD.
« Unité 9 trône au Top 20. C’est tou- jours gage d’un très grand succès en plus d’être une émission de très grande qualité, poursuit Martine Mailly. Sinon, nous avons très hâte de voir Fai
tes-moi confiance à TVA alors que Guillaume affrontera sa douce, Mariloup Wolfe, qui prend les rênes de la prochaine saison de 30 vies à RadioCanada à la même heure. Des Fort
Boyard, Jeunes loups et Beaux malaises à TVA sont aussi très attendus cet hiver. Sans compter les deux émissions spéciales de Saturday Night Live que Télé-Québec prépare qui suscitent un très grand intérêt auprès des annonceurs.»
NOUVEAUTÉS
Nos deux analystes s’entendent pour dire que V est sur une belle lancée. En période de pointe, les nouveaux rendez-vous proposés par Pierre Brassard et Éric Salvail sont déjà appréciés. On remarque aussi une belle croissance à Radio-Canada et une stabilité du côté de TVA. Au rang des nouveautés, Le choc des
générations animé par Gregory Charles à Radio-Canada attire l’attention. «Les vendredis soirs peuvent redevenir des soirs de grandes écoutes, note Francine Marcotte. C’est rassembleur.»
«Contrairement à plusieurs émissions musicales, Le choc des généra
tions n’est pas un concours. Ce genre d’émission est très important dans une grille et les annonceurs recherchent des concepts familiaux», avoue Martine Mailly.
On attend aussi Les pêcheurs, série à sketchs de Martin Petit, et La vie par
faite, comédie avec Catherine Trudeau, tout deux à Radio-Canada. La SRC qui par ailleurs investit aussi dans sa grille d’après-midi. «Un créneau non négligeable, observe Francine Marcotte. Beaucoup de travailleurs autonomes ou à temps partiel ou de gens en région sont au poste à cette heure. Qu’est-ce qu’on mange pour
souper avec le chef Dany St-Pierre est très interactif. C’est la confection d’un repas en temps réel. Ça peut rajeunir l’auditoire.»
Sinon, Unité 9, Toute la vérité, Yamaska, Destinée, Les Parent et La galère demeurent des valeurs sûres alors
qu’O, Mémoires vives et Un sur 2 ont su se hisser dans le prestigieux top 20. Et on sait qu’on peut compter sur les succès de Tout le monde en parle, Les enfants de la télé, Occupation double
ou Le banquier.