Le Journal de Quebec - Weekend
«J’A JOUE LA TOUNE» CETTE SAISON
Cette saison, une bonne dizaine d’émissions fera la part belle à la musique. Les dernières années l’ont prouvé, avec les succès de Star Académie et de La Voix, les grands rassemblements familiaux se font souvent autour d’une chanson. Une présence qui fait
«Radio-Canada reste le plus gros employeur des télédiffuseurs, note Luc Fortin, président de la Guilde des musiciens. La société d’État se maintient dans la visibilité qu’elle offre aux musiciens. Cette saison, ce sera peut-être un peu plus. La bonne nouvelle est que les contrats ont triplé du côté de TVA depuis 2010.»
Souvenez-vous il y a 25 ans, toutes les émissions du matin au soir en passant par le midi et la fin d’aprèsmidi avaient leurs propres house
band. «Il y avait de la musique live dans Les tannants! lance Luc Fortin. Un musicien pouvait travailler sur quatre shows dans sa journée. C’était les belles années.»
CHANGEMENT
Mais l’écoute s’est fragmentée avec la multiplication des chaînes. Les budgets ont été amputés. L’avènement d’internet a aussi donné un accès direct à la musique. Le spectateur n’a plus à attendre un passage dans une émission de pointe pour voir son chanteur jouer son tube de l’heure. La disparition des talk
shows a aussi éliminé une vitrine possible. Pénélope demeure le seul rendez-vous du genre en période estivale. La venue d’Éric Salvail en fin de soirée à V est donc très attendue.
Belle et Bum qui entame sa 11e sai- son tient fidèlement la route valorisant la musique au premier niveau. «Télé-Québec est une chaîne culturelle et éducative qui assume bien son mandat, rappelle Dominique Chaloult, directrice de la programmation. Nos barèmes sont différents des grands réseaux. Avec 120 000 téléspectateurs qui apprécient chaque semaine le spectacle que nous leur offrons, elle reste une émission phare.»
ORIGINALITÉ
Aujourd’hui, au-delà des chansons qui tournent (ou pas) à la radio, les grands réseaux privilégient des numéros originaux. «Nous devons être créatifs, avoue Denis Dubois, v-p variétés, jeunesse et famille de Contenu QMI. On voit que la musique vient chercher les émotions chez le public. Elle a sa place dans notre programmation. On l’intègre à nos concepts, on lui donne un côté showbiz même dans des formats que l’on fait éclater grâce à des collaborateurs comme Stéphane Laporte.»
«La musique s’inscrit dans une émission. Elle doit faire partie de sa structure, de son histoire, ajoute Louise Lantagne, directrice générale des services français de la télévision de Radio-Canada. Et la priorité doit rester francophone. Dans Le choc des générations, 75 à 80 % des chansons seront en français.»
«L’industrie musicale a sa part de responsabilité dans ce changement, avance l’animateur Gregory Charles. À une certaine époque, un chan- teur ne jouait que son single sur toutes les émissions où il passait. Après, il y a eu la mode des contreemplois. Aujourd’hui, les artistes sont conscients que de prendre part à un numéro exclusif peut être payant pour eux.»