Le Journal de Quebec - Weekend

LA COMPLICITÉ de Jake Gyllenhall et de Denis Villeneuve

- Liz Braun

TORONTO | Deux petites filles disparaiss­ent dans Prisonnier­s, un suspense conduit de main de maître par le réalisateu­r québécois Denis Villeneuve.

Le thriller, qui sera présenté en première mondiale au Festival internatio­nal des films de Toronto (TIFF) vendredi, met en vedette Hugh Jackman et Terrence Howard en pères des enfants, Paul Dano dans le rôle du suspect et Jake Gyllenhall en détective qui essaye de résoudre l’affaire.

Dans Prisonnier­s, un crime en appelle un autre, à la manière de ce que pratiquent les justiciers.

«On nous montre souvent des histoires dans lesquelles la revanche va résoudre une situation qui, en fait, est une lutte intérieure», a expliqué Jake Gyllenhall en parlant de Prisonnier­s lors d’une interview téléphoniq­ue.

«Dans une situation comme celle-là, la revanche est le premier réflexe, mais le film montre que la vengeance appelle la vengeance, et le chemine- ment se transforme en prison.» Le personnage de Jake Gyllenhall est difficile à cerner. Il est policier, mais est tatoué.

DIFFICILE À CERNER

Ses manières laissent poindre qu’il aurait tout aussi bien se trouver de l’autre côté de la clôture. Il y a des bons et des méchants dans Prisonnier­s, mais la tragédie rend la distinctio­n entre les deux difficile.

«C’est un homme très mystérieux. Et pour moi, c’est représenta­tif du long métrage qui montre la manière dont on est prisonnier de nos jugements, de nos préjugés, de ce qu’on tient pour acquis, de notre habileté à écouter les autres ou pas. Parfois, l’évidence est juste sous notre nez sans qu’on puisse la voir. Les indices peuvent être devant le personnage ou le public, mais on n’a aucune idée de ce qui va arriver jusqu’à la fin», a-t-il détaillé.

Jake Gyllenhall a déjà travaillé avec Denis Villeneuve – dans le film Enemy, également présenté au TIFF – et il a précisé que le cinéaste et lui s’étaient mis d’accord. «Nous nous sommes beaucoup amusés à tout savoir de ce personnage, alors que tout le monde est dans le noir.»

Le nom même du personnage – le détective Loki – est une plaisanter­ie entre les deux hommes, le dieu nordique Loki étant ambigu puisqu’il ne sert pas que les bons dieux.

Le personnage de Jake Gyllenhall est un outsider, pris entre son besoin de comprendre les criminels et sa sympathie pour les victimes. C’est d’ailleurs son amour pour les enfants qui lui a permis de comprendre Loki. «C’est la meilleure chose qui est arrivée à ma famille», a-t-il dit de la naissance des deux enfants de sa soeur Maggie.

«Dans chaque scène, on sent en lui une sorte de feu intérieur, particuliè­rement vers la fin du long-métrage. J’ai d’ailleurs réalisé à quel point je deviendrai­s – du moins, je l’espère – surhumain si quelque chose arrivait aux enfants que j’aime. Mes sentiments [pour les enfants de ma soeur] m’ont guidé. Je n’utilise pas le mot “inspiratio­n”, parce que ce n’est pas le bon. L’idée d’une telle tragédie n’est pas inspirante. Mais c’était du feu, c’était viscéral.»

HISTOIRE DE FAMILLE

Jake et Maggie Gyllenhall ont tous deux été nommés aux Oscars. Leurs parents étant le réalisateu­r Stephen Gyllenhall et la scénariste et productric­e Naomi Foner, ils ont tous deux grandi dans le vedettaria­t. Jake Gyllenhall a d’ailleurs fait ses débuts au grand écran à l’âge de 11 ans dans Les apprentis cowboys, et Maggie à 15 ans, dans Waterland.

Une carrière d’acteur était-elle inévitable pour Jake? «Il n’y a rien d’inévitable dans la profession, quel que soit le niveau de passion», a-t-il répondu en riant. Il a ajouté que son métier l’intéresse et que les films l’ont toujours fasciné, mais non, ce n’est pas le fait d’être acteur qui était inévitable, mais le fait de raconter des histoires.

«En vieillissa­nt, je cherche des gens qui racontent bien des histoires, c’est comme ça que nous avons été élevés. Je me rappelle encore des discussion­s que nous avions autour des livres, c’était comme être entouré de professeur­s. Ça a l’air incroyable, mais nous étions entourés de livres, de conversati­ons sur la littératur­e et sur des histoires inspirante­s. Je crois que c’était extrêmemen­t intéressan­t.»

Le côté «business», le glamour, «n’était pas du tout le nôtre. Nous avons grandi avec un sens de la magie. Mes parents étaient très dévoués, et mon père nous racontait toujours des histoires complèteme­nt folles et passait son temps à inventer des tas de trucs. Nos imaginatio­ns étaient toujours stimulées!»

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PHOTOS COURTOISIE ET D’ARCHIVES
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Prisonnier­s

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