Le Journal de Quebec - Weekend
FEMME AU BORD DE LA CRISE DE NERFS
Jasmine French
Film de Woody Allen.
Avec Cate Blanchett et Alec Baldwin.
Avec Jasmine French, Woody Allen donne à Cate Blanchett l’un des meilleurs rôles de sa carrière. Ce n’est pas un hasard si Jasmine
French ( Blue Jasmine en version originale) est en passe de devenir le film indépendant le plus rentable de l’année aux États-Unis.
Ce nouveau Woody Allen est un excellent mélange de modernité (l’affaire Madoff) et de classicisme ( Un tramway
nommé désir), la description élégante, et ô combien cruelle d’une femme névrosée.
Jasmine (Cate Blanchett) arrive à San Francisco en provenance de New York. Dès la scène d’ouverture, elle raconte sa vie à sa voisine dans l’avion. Jasmine va retrouver sa soeur, Ginger (Sally Hawkins), chez qui elle va habiter le temps de se refaire.
Car, anciennement mariée à Hal (Alec Baldwin), un riche homme d’affaires, elle a connu le luxe d’une maison dans les Hamptons et d’un appartement sur la Cinquième avenue. Elle a eu des manteaux de fourrure, des colliers de diamants, une domestique, un chauffeur, un compte en banque bien garni.
Son objectif, maintenant que sa ruine est consommée, est de se trouver un travail et se dénicher un mari. Le tout en sirotant une quantité impressionnante de martinis tout en avalant des Xanax comme des bonbons.
BILLLET VERT
Autour d’une Cate Blanchett éblouissante, qui porte le film sur ses épaules – elle mérite une nomination aux Oscars et probablement la statuette –, et d’un Alec Baldwin en pleine forme (son deuxième Woody Allen après Rome
mon amour), la distribution s’articule parfaitement, Peter Sarsgaard étant un arriviste de première, Louis C.K. et Andrew Dice Clay jouant l’amoureux et l’ex-mari de Ginger.
Les dialogues sont souvent drôles, toujours mordants. Est-ce un hasard si, pour ce premier film tourné aux ÉtatsUnis depuis Whatever Works en 2009, Woody Allen a choisi l’argent comme sujet? Le fric imprègne et domine les 98minutes du long-métrage. Qu’il s’agisse de gains, de dépenses, de recherches, de poursuites et de mariage, le billet vert – et par là, le statut de Jasmine – est l’obsession.
Avec Jasmine French, Woody Allen fait dans le drame, l’exploration des névroses de Cate Blanchett est parfaitement réussie. Alors qu’on s’attendait à une énième comédie intellectuelle sur les affres de l’amour, le réalisateur livre ici un portrait de femme cruelle, juste et particulièrement jouissif.