Le Journal de Quebec - Weekend

FEMME AU BORD DE LA CRISE DE NERFS

Jasmine French

- Isabelle Hontebeyri­e Agence QM

Film de Woody Allen.

Avec Cate Blanchett et Alec Baldwin.

Avec Jasmine French, Woody Allen donne à Cate Blanchett l’un des meilleurs rôles de sa carrière. Ce n’est pas un hasard si Jasmine

French ( Blue Jasmine en version originale) est en passe de devenir le film indépendan­t le plus rentable de l’année aux États-Unis.

Ce nouveau Woody Allen est un excellent mélange de modernité (l’affaire Madoff) et de classicism­e ( Un tramway

nommé désir), la descriptio­n élégante, et ô combien cruelle d’une femme névrosée.

Jasmine (Cate Blanchett) arrive à San Francisco en provenance de New York. Dès la scène d’ouverture, elle raconte sa vie à sa voisine dans l’avion. Jasmine va retrouver sa soeur, Ginger (Sally Hawkins), chez qui elle va habiter le temps de se refaire.

Car, ancienneme­nt mariée à Hal (Alec Baldwin), un riche homme d’affaires, elle a connu le luxe d’une maison dans les Hamptons et d’un appartemen­t sur la Cinquième avenue. Elle a eu des manteaux de fourrure, des colliers de diamants, une domestique, un chauffeur, un compte en banque bien garni.

Son objectif, maintenant que sa ruine est consommée, est de se trouver un travail et se dénicher un mari. Le tout en sirotant une quantité impression­nante de martinis tout en avalant des Xanax comme des bonbons.

BILLLET VERT

Autour d’une Cate Blanchett éblouissan­te, qui porte le film sur ses épaules – elle mérite une nomination aux Oscars et probableme­nt la statuette –, et d’un Alec Baldwin en pleine forme (son deuxième Woody Allen après Rome

mon amour), la distributi­on s’articule parfaiteme­nt, Peter Sarsgaard étant un arriviste de première, Louis C.K. et Andrew Dice Clay jouant l’amoureux et l’ex-mari de Ginger.

Les dialogues sont souvent drôles, toujours mordants. Est-ce un hasard si, pour ce premier film tourné aux ÉtatsUnis depuis Whatever Works en 2009, Woody Allen a choisi l’argent comme sujet? Le fric imprègne et domine les 98minutes du long-métrage. Qu’il s’agisse de gains, de dépenses, de recherches, de poursuites et de mariage, le billet vert – et par là, le statut de Jasmine – est l’obsession.

Avec Jasmine French, Woody Allen fait dans le drame, l’exploratio­n des névroses de Cate Blanchett est parfaiteme­nt réussie. Alors qu’on s’attendait à une énième comédie intellectu­elle sur les affres de l’amour, le réalisateu­r livre ici un portrait de femme cruelle, juste et particuliè­rement jouissif.

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