Le Journal de Quebec - Weekend
INSULAIRE POUR UNE NUIT… OU PLUS
S’offrir une nuit dans la maison occupée autrefois par un gardien de phare ou dans celle de son assistant, admirer le soleil se lever sur ce lieu d’une grande beauté que ne dépare aucun fil électrique, admirer le coucher du soleil en pique-niquant sur un rocher, assister au ballet des bélugas, voir le souffle des baleines ou rire des jeux endiablés des phoques, voilà quelques moments privilégiés réservés aux visiteurs qui ont réservé pour la nuit au Gîte des Maisons du Phare de l’Île Verte. Mais attention, il faut compter avec les marées.
En effet, même si vous ne souhaitez y passer qu’une seule nuit, il se peut que vous deviez demeurer un peu plus longtemps (ce fut mon cas) parce qu’il ne reste plus de place sur le traversier. Et comme ce dernier dépend entièrement des marées, il faut donc attendre au lendemain pour retourner sur la côte.
Pour être demeurée deux jours entiers dans cette petite île de 13km, force est cependant d’avouer que ça valait le coup. En fait, il serait même dommage de n’y venir que pour la nuit, car bien qu’elle ne compte que 180 propriétaires dont 25 seulement y vivent en permanence, le moins que l’on puisse dire c’est que ces insulaires sont particulièrement actifs et imaginatifs et qu’il y a beaucoup de choses à faire et à découvrir.
UN GÎTE ET NON UNE AUBERGE
Malgré le nom de cette chronique, c’est d’un gîte dont il est question dans ce texte. Ce qu’il faut cependant savoir, c’est que sur l’île Verte, il n’existe aucune auberge et ce gîte est certainement ce qui s’en rapproche le plus.
Situées sur la Pointe nord de l’île, les Maisons du phare de l’Île Verte sont, comme le nom l’indique, situées tout près du phare. Les 9 chambres sont à l’intérieur de la Maison du gardien (5) et dans celle de son assistant (4). Ce sont de petites chambres très simples, mais confortables. Comme les restaurants sont peu nombreux sur l’île et qu’il n’existe aucun dépanneur, elles disposent d’un petit frigo dans lequel on peut mettre quelques provisions et des boissons fraîches. Une grande cuisine où les aubergistes préparent le petit-déjeuner demeure également accessible aux invités durant toute la journée. On peut donc y préparer ses repas du midi et du soir.
Ces deux maisons blanches au toit rouge, autour desquelles poussent avec vigueur des roses sauvages, ne sont pas d’origine. Elles datent de 1959, mais ont été réalisées selon les plans de celles d’autrefois. C’est dans une maison identique à celle du gardien qu’ont vécu plus de 6 familles de gardiens, dont 4 générations de Lindsay. C’est la plus longue lignée de gardiens de phare (137 ans).
Outre les maisons, le site compte plusieurs bâtiments. Il y a d’abord le phare qui date de 1809 (la construction débute en 1806). C’est aujourd’hui un Lieu historique pour ses qualités architecturales, son état de conservation et le fait que 4 générations de Lindsay y aient grandi. On trouve aussi La cabane du criard (1945) ou l’on faisait entendre la corne de brume et qui est aujourd’hui un espace muséal; le hangar (1966) qui servait de garage pour le gardien est aujourd’hui une petite salle de réunion (25 à 50 personnes); la cabane à pétrole (1900); La poudrière nord (1856) ou l’on gardait la poudre à canon; La poudrière sud (1894) quand le système de brimbale a remplacé les canons et le puits (1938).
UNE PRÉSENCE RASSURANTE
Mis en marche le 13 sept 1809, le Phare de l’î- le Verte est situé en face de l’embouchure de la rivière Saguenay, une partie très dangereuse du fleuve Saint-Laurent. Depuis 1809, le rayon lumineux du doyen des phares guide les navigateurs tout en offrant une caresse constante sur les Maisons du Gardien et de son assistant et une présence rassurante pour les Verdoyants(es) et les touristes qui ont choisi de passer la nuit sur leur île. Note: L’argent généré par les Maisons du Phare de l’Île Verte est d’une importance capitale pour la Corporation des maisons du Phare de l’île. C’est ce qui lui permet de préserver ces lieux importants pour notre histoire.