Le Journal de Quebec - Weekend

LES ORIGINES DE LA CRISE D’OCTOBRE

Été 1969. Les militants indépendan­tistes Francis Simard, Jacques et Paul Rose débarquent à Percé, en Gaspésie, pour ouvrir le restaurant La maison du pêcheur qu’ils aimeraient voir devenir un lieu de réflexion et d’animation sociale visant à conscienti­ser

- Maxime Demers

Réalisé par Alain Chartrand ( Ding et Dong le film, la série Chartrand et Simonne), le film La maison du pêcheur se penche donc sur la genèse de la cellule Chénier du Front de libération du Québec (FLQ) et sur les origines de la crise d’Octobre.

«Ce qui m’intéressai­t, c’était de connaître ces gars-là qui étaient, à la base, des pacifistes», explique Alain Chartrand en entrevue la semaine dernière alors que son film était présenté en compétitio­n au Festival des films du monde de Montréal.

«Ces gars-là avaient une cause à défendre, ils avaient une mission et étaient d’une grande générosité. Puis ils ont été traités après coup de terroriste­s. Je voulais découvrir qui était à la source de ces perturbati­ons-là, 14 ans plus tard.»

Pour Chartrand, le destin des jeunes hommes qui ont kidnappé le ministre Pierre Laporte a été grandement influencé par le fait qu’ils ont été mal accueillis un an plus tôt par les habitants de Percé, particuliè­rement par les conseiller­s municipaux du village qui ont magouillé pour leur refuser un permis pour leur restaurant.

«S’ils avaient obtenu ce permis, peutêtre que les conséquenc­es auraient été très différente­s. Ils n’auraient pas eu ce sentiment d’échec. Parfois, dans les grandes crises comme celle-là, ce sont toujours des détails qui font que ça part du mauvais bord.»

COMPRENDRE NOTRE HISTOIRE

L’idée du film est née il y a six ans et lui a été présentée par Jacques Bérubé qui a coécrit le scénario avec Chartrand et Mario Bolduc.

Même si plusieurs films et documentai­res ont déjà été réalisés sur la crise d’Octobre, Alain Chartrand estimait qu’il y avait encore - et qu’il y a toujours - plusieurs angles à explorer sur le sujet.

«Je pense qu’il y a encore quelques films à faire sur ce chapitre de notre histoire parce que ces événements demeurent encore un mystère», observe-t-il.

«Regarde l’affaire John F. Kennedy. Il y a plusieurs thèses. Oliver Stone en a parlé à sa façon et il y a eu d’autres films avec d’autres angles sur le sujet. Ça devrait être la même chose avec la crise d’Octobre. Je trouve qu’en général, au Québec, on ne connaît pas assez notre histoire.»

Alain Chartrand a choisi d’orienter l’histoire sur le personnage de Bernard Lortie, le plus jeune du groupe (il avait 19 ans) qui n’avait pas, au départ, les mêmes ambitions que ses complices.

«J’aurais pu prendre le leader charismati­que qu’était Paul Rose, mais j’ai décidé de passer par le plus jeune, Bernard, qui ne connaît rien de la politique et qui va se faire embarquer là-dedans. Ça apporte un autre regard sur l’image qu’on a d’eux.»

La maison du pêcheur a été tourné l’an passé à Percé ou le restaurant a été reconstitu­é et relocalisé. Pour ajouter au cachet historique du film, Alain Chartrand a opté pour une photograph­ie en noir et blanc.

«Les gens croient qu’avec le noir et blanc, c’est plus simple pour la reconstitu­tion, mais c’est loin d’être le cas. Il fallait penser à tout. Le directeur photo Pierre Mignot en était à sa toute première expérience en noir et blanc et il a été très appliqué. Ce n’était pas simple, mais je suis très satisfait du résultat.»

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