Le Journal de Quebec - Weekend

Prisonnier­s DU PASSÉ

Des personnage­s improbable­s, une histoire surprenant­e, une fin imprévisib­le. Définitive­ment, le cinéaste Denis Côté est sorti de sa zone de confort pour son tout nouveau long-métrage mettant en vedette Pierrette Robitaille, MarcAndré Grondin et Romane Boh

- Véronique Harvey Agence QMI

Film de Denis Côté. Avec Pierrette Robitaille, Romane Bohringer et Marc-André Grondin.

Après avoir remporté le prix Alfred Bauer, récompensa­nt le film le plus novateur de la compétitio­n au dernier Festival de Berlin, et visité une trentaine de festivals à travers le monde, Denis Côté ( Curling, Bestiaire) est enfin prêt à affronter le public québécois (souvent insensible à ses oeuvres par le passé) avec son septième film, traitant du retour à la «réalité» d’une ancienne prisonnièr­e.

CABANE DANS LES BOIS

Plusieurs années se sont écoulées depuis la dernière fois où Victoria (Pierrette Robitaille) a goûté aux joies de la liberté.

Emprisonné­e pour une raison qui nous est inconnue (évitant ainsi toute forme de jugement préconçu), la femme d’âge mûr est enfin de retour à la réalité. Mais malheureus­ement (ou heureuseme­nt, c’est selon), les cho- ses ont bien changé.

Tantôt tendre et affectueus­e, tantôt froide et méfiante, Victoria n’a qu’un seul espoir, soit celui de vivre heureuse, tapis au fond des bois avec la femme qu’elle aime. Et cette femme, c’est Florence (Romane Bohringer), une belle et jeune Française rencontrée derrière les barreaux.

Victoria tente donc de convaincre sa bien-aimée de s’installer avec elle dans une cabane à sucre en retrait, opération qui s’apparente toutefois à mettre un oiseau sauvage en cage, en raison de la frivolité de Florence.

Mais juste avant qu’elle ne prenne son envol, la jeune femme épanouie sera rattrapée par son passé, entraînant dans son sillage la pauvre Victoria à fleur de peau.

Le tout se déroule sous l’oeil attentif (parfois craintif!) du jeune agent de libération conditionn­elle (Marc-André Grondin), qui tente tant bien que mal de recon- necter ces deux femmes avec la société.

RÉUSSITE

Beaucoup plus frontale que les précédente­s oeuvres de Denis Côté, Vic+Flo ont vu un ours propose un judicieux mélange de drame, de grotesque et d’humour, avec des dialogues beaucoup plus soutenus et une facture visuelle à mi-chemin entre réalité et fiction.

On reconnaît bel et bien la signature du cinéaste, mais on sent les efforts qu’il a mis, les «petits bonbons» qu’il a ajoutés au récit pour surprendre l’auditoire. Et que dire de la finale de type «gore»?

La distributi­on, tout ce qu’il y a de plus éclectique, sert parfaiteme­nt le récit – Pierrette Robitaille étonnammen­t attachante en ancienne taularde, Romane Bohringer tout simplement brillante, Marie Brassard au sommet de son art dans le rôle de la méchante «nouveau genre» –, qui pourrait bien être le meilleur jamais proposé par le cinéaste.

Alors que le sept est souvent vu comme un chiffre chanceux dans la culture occidental­e, reste à voir si la numérologi­e aura raison de ce septième film de Denis Côté. Pour ma part, c’est réussi!

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