Le Journal de Quebec - Weekend
DORMIR DANS UN PHARE AU MILIEU DU SAINT-LAURENT
Quand le bateau d’excursion de la Société Duvetnor quitte le quai de l’île du Pot à l’Eau-de-Vie, un mélange d’excitation et d’inquiétude s’empare des trois couples qui ont choisi de passer la nuit dans ce phare isolé au milieu du fleuve.
Construit en 1861 et bien connu des marins d’autrefois, mais également de ceux d’aujourd’hui comme étant l’endroit où mouiller son navire en cas de vent, ou de vagues trop fortes, le phare du Pot à l’Eau-de-Vie, également appelé Brandy Pot, a été automatisé en 1964 puis restauré en 1989 par la Société Duvetnor qui lui a redonné son charme d’antan et y loue maintenant trois chambres.
Petites et décorées à l’ancienne, ces dernières partagent la même salle de bain située dans la cuisine. Si des serviettes et un minuscule savon sont offerts, on ne trouve cependant aucun autre produit d’accueil (à prévoir dans la valise). De plus, les lits qui ne sont pas très longs et ne conviennent malheureusement pas très bien à ceux qui font plus de 1,80 m.
Ces petits détails n’altèrent en rien le plaisir qu’offre l’isolement de cette île où l’on peut à loisir observer les oiseaux et les baleines du haut des rochers, des balcons ou de la terrasse qui surplombe le fleuve et offre un point de vue exceptionnel sur le phare. Les marcheurs apprécieront les sentiers de randonnée (3 km) et les nostalgiques apprécieront les objets d’époque, les meubles, les photos et autres documents.
REPAS EN FAMILLE
Aux environs de 19 h, à l’heure où le soleil se couche en inondant la place d’orangé et de rouge, le repas est servi dans la salle à manger, une reconstitution (1864) de celle ajoutée par le gardien pour y accueillir sa famille.
Au moment de notre visite, un menu trois services (choisi au quai de Rivière-du-Loup et préparé sur place) se composait de pétoncles ou de sanglier, le cerf n’ayant pu être livré à temps. Un choix un peu étonnant. On aurait nettement préféré des mets se rapprochant davantage de ce que pouvait manger un gardien de phare (poissons, crustacés, poulet, lapin, etc.) à l’époque.
Le reste de la soirée, les couples font connaissance en terminant les bouteilles de vin qu’ils ont apportées. Puis chacun regagne sa chambre et le silence retombe dans le phare. Bercés par le bruit des vagues qui frappent les rochers les visiteurs s’endorment pour se réveiller aux aurores avec le cri de milliers d’oiseaux qui virevoltent autour du phare à la recherche de leur déjeuner.
Les plus courageux se lèvent et, caméra au cou, partent immortaliser les instants magiques du lever de soleil tandis que les autres se rendorment en se laissant conter fleurette par ces oiseaux très bavards. Les lève-tôt devront se contenter de café et de céréales et attendre patiemment le brunch (un terme inapproprié pour désigner une omelette au fromage) servi aux environs de 11 h.
UN PEU PLUS DE CHALEUR
Si l’expérience de dormir dans un phare s’avère unique, il faudrait toutefois corriger certaines lacunes. Par exemple, donner un petit coup de chaleur de temps à autre afin de faire disparaître l’humidité (omniprésente en cet été pluvieux) qui lors de notre séjour a obligé un des dormeurs à coucher tout habillé même avec son manteau. Le magnifique poêle à bois qui trône dans cette pièce gagnerait à libérer un peu de chaleur ce qui contribuerait à rendre l’ambiance plus conviviale.
De plus, il serait bien de varier le menu du brunch en offrant davantage de choix, les omelettes très grasses ne convenant pas à tous. Ces petits inconvénients ne suffisent toutefois pas à bouder le plaisir de cette expérience et, au retour, quand le petit bateau s’éloigne et que l’on peut admirer de loin ce phare magnifique, on se dit que, somme toute, on a eu une grande chance de jouer les gardiens de phare.