Le Journal de Quebec - Weekend

UN EXCELLENT FILM DE VILLENEUVE

Prisonnier­s

- Bruce Kirkland Agence QMI

TORONTO | Prisonnier­s est un film terrifiant qui porte sur un enlèvement. C’est aussi un drame psychologi­que montrant jusqu’où le désespoir peut pousser un parent prêt à tout pour sauver son enfant.

De prime abord, le scénario d’Aaron Guzikowski n’est pas différent des autres films du genre, avec l’enlèvement d’enfants comme moteur de l’action. Jusqu’au moment où le père de l’une des deux filles kidnappées, Hugh Jackman, décide de se faire justice lui-même et se lance sur la trace d’un suspect relâché par la police, faute de preuve. On entre alors dans l’univers mental d’un père désespéré. Ce dernier n’hésitera pas à torturer celui qu’il tient pour coupable afin de lui soutirer la moindre informatio­n concernant sa fille.

Confié à n’importe qui, ce long-métrage aurait pu facilement tourner en film d’horreur pur et dur. Mais entre les mains de Denis Villeneuve, qui fait son entrée à Hollywood par la grande porte, Prisonnier­s devient un film à sensations fortes transcenda­nt. Certaines scènes sont insoutenab­les tellement elles sont criantes de vérité.

Voici un rare exemple de film qui divertit par l’action tout en nous faisant entrer dans un propos très lourd, qui nous concerne tous. L’équipe de tournage y est pour quelque chose. Mark Wahlberg est le producteur et Villeneuve montre son sublime talent de réalisateu­r, capable qu’il est de jongler avec des dialogues subtils et du contenu. Le réalisateu­r québécois n’éprouve d’ailleurs aucune difficulté dans sa langue seconde.

DU GRAND JEU

Et que dire de la distributi­on, exceptionn­elle. À commencer par Hugh Jackman dans le rôle du père prêt à tout pour récupérer sa fille. Sa descente en enfer nous donne froid dans le dos. Jackman pousse son personnage aux limites de l’extrême. Nous le comprenons. Nous sympathiso­ns avec lui. Nous espérons que ses gestes, bien que hors-la-loi, portent fruit.

Et, il nous amène encore plus loin, déclenchan­t chez le spectateur une rage qui brûle de l’intérieur. Seule une prestation comme la sienne peut empêcher le film de tourner en spectacle d’épouvante.

Jake Gyllenhaal joue le détective chargé de l’enquête. Si le jeu de Jackman est explosif, celui de Gyllenhaal est puissant dans ses nuances. Dans ce qui est sûrement la meilleure prestation de sa carrière à ce jour, Gyllenhaal traverse une gamme d’émotions et démontre des traits de caractère des plus réalistes. Il est tantôt d’humeur massacrant­e, tantôt sarcastiqu­e. Il est frustré, original, décalé, étourdi, échevelé, nostalgiqu­e, sympathiqu­e, intelligen­t et parfois drôle. Même le Colombo de Peter Falk n’est pas aussi excentriqu­e.

Dans un film de ce calibre, nous portons attention au moindre détail. Prisonnier­s est donc un suspense de vie ou de mort, qui vous tiendra en haleine.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada