Le Journal de Quebec - Weekend

À FOND LA CAISSE

Il y a un sentiment de boucle bouclée dans le fait que Ron Howard réalise Rush, une illustrati­on de la saison décisive qui opposait les pilotes de Formule 1 James Hunt et Niki Lauda dans les années 70.

- Jim Slotek AGence QMI

Après tout, c’est durant cette même décennie que Ron Howard, un acteur mieux connu pour son rôle de Richie Cunningham dans Happy Days, a réalisé Lâchez

les bolides! ( Grand Theft Auto), son premier long-métrage produit par le roi de la série B Roger Corman, et cela juste après avoir joué dans À plein gaz dirigé par le même Corman.

Howard a ri de bon coeur à l’évocation de la boucle bouclée. «C'est une coïncidenc­e», a-t-il expliqué. Le cinéaste avait accepté d'être dans l'un des films de Corman à la condition qu'il lui laisse en diriger un.

«Roger voulait faire un film de voiture, donc j'ai fait un film de voiture, pas parce que j'étais passionné par les quatre roues, je ne le suis pas. ( À plein gaz) a été un succès, et il m’a dit que si je voulais réaliser quelque chose, cela devrait être, sinon une suite, un cousin du film. J’ai saisi l’occasion.»

Ron Howard a bien su saisir la plupart de ses opportunit­és. Deux Oscars plus tard, son travail était reconnu pour deux aspects: révéler l'humanité cachée derrière des histoires vraies ( Apollo 13, Un homme d’exception, Cinderella Man, Frost/Nixon) et pousser la vraisembla­nce à son dernier degré (par exemple, l'ape

santeur dans Apollo 13 exigeait un tournage dans un avion en chute libre).

De retour au côté de Peter Morgan, le scénariste et producteur de Frost/Nixon, le réalisateu­r a relevé le défi de dépeindre la relation amour-haine entre le méthodique champion allemand Niki Lauda (Daniel Bruhl) et le séducteur James Hunt (Chris Hemsworth), intensifia­nt la dramaturgi­e d’une époque durant laquelle un dixième des pilotes de F1 mourrait en moyenne chaque saison. Ron Howard ironise en soulignant qu’à cette époque «le sexe était sans risque et la conduite dangereuse».

PERCER LE MYSTÈRE

Si une opinion négative devait être émise, elle devait l’être de la bouche de Bernie Ecclestone, le patron octogénair­e coloré de Formula One Management, qui est l’architecte de ce sport pendant plusieurs décennies. «Nous l’avons rencontré, le pape de la Formule 1 en quelque sorte, et il était très sceptique, a déclaré Peter Morgan. Il nous a dit: “J’admire vos films, mais personne n’a percé le mystère, vous ne pouvez pas le percer. Les histoires que j’ai entendues ne sont pas assez axées sur les émotions des personnage­s.”» Aucun problème, la rencontre des genres entre le méticuleux Lauda (qui a frôlé la mort en étant grièvement brûlé dans un accident, mais qui était de retour dans la compétitio­n six semaines plus tard) et Hunt (dont la vie sexuelle et les rapports avec la drogue ont fasciné les médias) constituai­t une base narrative suffisante. «Bernie l'a vu trois fois, et veut le revoir, a continué Howard. Il nous a dit: “Il est intelligen­t, pointu, spirituel, direct et sincère. J'étais là, vous m’avez ramené à cette époque.”» Mais la passion de Ron Howard pour l'authentici­té de la course n'était pas quelque chose que Morgan avait prévu, surtout lorsqu’il était encore seul pour soutenir le projet. «J’ai toujours pensé que nous ne serions pas en mesure de filmer les scènes de course, qu'il y aurait des plans d'archives».

FILMER DES COURSES

Mais, avec le soutien de coproducti­ons internatio­nales, le cinéaste a entrepris de filmer plusieurs courses de F1 et exigé que les acteurs soient en mesure de réaliser une partie des scènes de pilotage. Comme dans la réalité, l’épreuve la plus difficile a été le légendaire et périlleux circuit Fuji Speedway.

«Le vrai danger s’est introduit à Fuji, a confié Howard. Les voitures étaient hors de contrôle, rien de tragique ne s’est produit, mais durant la première journée d’essais le pneu avant de Daniel s’est envolé, sans qu’il n’ait commis d’erreur.»

«Il s’entraînait aux ravitaille­ments, c'est un point que les acteurs devaient maîtriser, car ils devaient avoir suffisamme­nt le contrôle du véhicule pour rouler vite, avec des gens autour, sortir du cockpit et relever leur visière. C’était la seule scène où ils devaient réellement prouver qu’ils savaient conduire.»

SÉDUCTION

L’acteur d’origine australien­ne Chris Hemsworth a passé beaucoup de temps à vanter ses mérites à Howard et Morgan. Après avoir conclu qu'il n'y avait aucun acteur britanniqu­e assez beau pour incarner James Hunt, ils ont décidé de lais-

ser Thor s’exprimer. «Je l’ai trouvé excellent dans

Thor, mais je ne savais pas s’il avait la dimension du personnage», a dit le réalisateu­r. Une recommanda­tion de Kenneth Branagh, le réalisateu­r de

Thor, et une vidéo d'audition envoyée par courriel ont scellé l’entente.

Quant à Bruhl, il s’est presque immédiatem­ent imposé lorsque la décision a été prise que Lauda parlerait allemand dans toutes les scènes qu’il partagerai­t avec ses collègues germanique­s.

Durant les premières séances publiques de visionnage, Rush a séduit les personnes qui ne s’intéressen­t pas à la F1, une catégorie qui pourrait inclure la plupart des Nord-Américains (à cet égard, le sport est un peu comme le soccer, très populaire partout ailleurs dans le monde). «J’ai appris à vraiment apprécier ce sport, a expliqué Ron Howard. Je pense que c'est un sport contempora­in intéressan­t, car il combine compétitio­n et technologi­e.»

Rush déboule sur les écrans du Québec le 27 septembre.

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