Le Journal de Quebec - Weekend
L’APPEL DE LA TERRE PROMISE
Alyah Un film de Elie Wajeman. Mettant en vedette Pio Marmaï, Cédric Kahn et Adèle Haenel. À l’affiche.
L’Alyah, c’est l’immigration des Juifs en Israël, le fameux «Eretz Israël». Mais pour Alex (Pio Marmaï), il ne s’agit nullement d’un déménagement pour motifs religieux.
Alex est un jeune juif français. Sa dérive n’est pas tant une désaffection qu’un simple ras-le-bol.
Ras-le-bol d’un frère, Isaac (l’acteur, scénariste et réalisateur Cédric Kahn), inconséquent qui ne pense qu’à lui demander du fric. Ras-le-bol de sa vie de revendeur de drogue. Même sa rupture avec Esther (Sarah Le Picard) n’a pas vraiment de sens.
Un soir de repas de famille, il prend la décision d’aller s’établir en Israël, certains de ses amis− ainsi que son cousin Nathan (David Geselson) − ayant le projet d’ouvrir un restaurant à Tel-Aviv. Aucune motivation religieuse à cette immigration, plutôt l’envie de changer d’air… et de voir qui l’aime suffisamment pour le retenir. Au cours de cette soirée, il rencontre Jeanne (Adèle Haenel), qui s’éprend de lui, mais dont la présence ne modifie pas son projet.
TRAFIC DE DROGUES
Pour effectuer son Alyah et devenir associé du restaurant, Alex doit réunir 15 000 euros, somme qu’il gagnera en se lançant dans le trafic de drogues dures, ironie du sort pour celui qui veut partir en terre promise pour, justement, se libérer de cette vie.
Sans s’appesantir sur les détails administratifs de cette immigration− mais si l’on en voit certains −, le réalisateur ElieWajeman, qui signe ici son premier long métrage, nous offre plutôt un portrait intime, tout en finesse, de son protagoniste.
Pio Marmaï et Cédric Kahn offrent tous deux des prestations convaincantes, même si l’interprète d’Alex est parfois un peu trop figé, attitude malheureusement commandée par ce personnage mystérieux, froid et indifférent. La relation entre les deux frères − marquée par la figure absente d’un père (Jean-MarieWinling) jamais nommé − est habilement saisie par le cinéaste.
Présenté à la Quinzaine des réalisateurs du Festival de Cannes en 2012,
Alyah ne manque pas d’intérêt malgré ses faiblesses. À voir par curiosité.