Le Journal de Quebec - Weekend

UNE JEUNE FILLE

En entrevue comme dans ses films, elle ne sent pas le besoin de justifier les actions de ses personnage­s, comme c’est le cas dans Une jeune fille, son quatrième long-métrage.

- Cédric Bélanger CEDRIC.BELANGER@QUEBECORME­DIA.COM

«Mais pourquoi pas?», s’exclame Mme Martin ( Mariages, Trois temps après la mort d’An

na) en riant lorsqu’on lui demande d’expliquer les motivation­s derrière les agissement­s de Serge (Sébastien Ricard) et Chantal (Ariane Legault), les personnage­s principaux de ce drame contemplat­if qui mise davantage sur les silences que les dialogues.

Une jeune fille aborde des thèmes − solitude, deuil, ruralité, solidarité − déjà présents dans les oeuvres précédente­s de la cinéaste et scénariste.

Chantal, adolescent­e dégourdie mais renfermée, quitte le foyer familial après la mort de sa mère. Direction la Gaspésie, où elle espère trouver une plage où la défunte avait émis le souhait de retourner. Elle fait plutôt la rencontre de Serge, un être isolé, profondéme­nt attaché à sa terre, qui accepte contre toute attente d’héberger Chantal. Il lui donne même du travail et, au fil des jours, les deux sortent lentement de leur coquille et s’apprivoise­nt.

AU BON ENDROIT AU BON MOMENT

Mais pourquoi Serge accueille-t-il chez lui cette Chantal sortie de nulle part?

«Il ne faut pas se poser ces questions, explique Catherine Martin. J’essaie de faire des films qui ressemblen­t à la vie. Et dans la vie, on ne peut pas toujours tout expliquer. Chantal est arrivée au bon endroit au bon moment si on veut absolument l’expliquer. Serge ne le sait pas lui-même. C’est juste plus fort que lui. Il veut l’aider.»

Sébastien Ricard croit que Serge est simplement «un être fondamenta­lement bon».

«Le moment où il la trouve est une scène charnière du film. Il ne la voit pas assise sur un banc ou en train de faire du pouce. Elle est couchée par terre, épuisée. C’est une fille qui tombait du ciel dans sa vie. Pour Serge, ça va de soi de l’accueillir. Ensuite, Chantal s’impose et elle lui apporte quelque chose. Ce n’est pas une relation à sens unique.»

«Ce sont des âmes soeurs. Ils devaient se rencontrer», croit Ariane Legault, l’interprète de Chantal.

Catherine Martin affirme que la relation entre Serge et Chantal, qui est dénuée de tout intérêt amoureux ou sexuel, lui a été en partie inspirée par la lecture d’un fait divers.

«Une fille dont on avait perdu la trace avait été retrouvée. Elle avait vécu chez un homme plus âgé. De la façon dont je la percevais, ça semblait une relation très fraternell­e. J’ai eu envie d’aller vers ça dans ce rapport entre une jeune fille et un homme plus mature», indique la réalisatri­ce.

Une jeune fille a été tourné en grande par- tie en Gaspésie parce que Catherine Martin souhaitait que sa jeune fille se retrouve «dans une sorte de bout du monde».

LONGS ALLERS-RETOURS

Ce n’était pas seulement le bout du monde pour Chantal. Ça l’était aussi pour Ariane Legault, qui a dû multiplier les longs allersreto­urs entre New Richmond et Montréal et combattre le froid de l’automne gaspésien.

«Mon personnage de Chantal part sur un coup de tête et n’apporte pas beaucoup de vêtements chauds. Je n’avais qu’un manteau de cuir et une veste. En plus, c’était un tournage de six semaines pendant l’année scolaire. Je tournais cinq jours en Gaspésie et j’allais à l’école deux jours à Montréal», relate la jeune comédienne.

La distributi­on d’Une jeune fille est complétée par Marie-Ève Bertrand, Jean-Marc Dalpé, Hélène Florent et Hugues Frenette.

Présenté en première mondiale au Festival de Toronto, le film prend l’affiche au Québec le 4 octobre.

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