Le Journal de Quebec - Weekend

DANSLAPEAU­DEJULIANAS­SANGE

- Jim Slotek Agence QMI

TORONTO | Benedict Cumberbatc­h est un comédien qui garde jalousemen­t ses secrets. Il apprécie toute l’ironie qui se trouve derrière le fait qu’il incarne le rôle du fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, un homme qui consacre sa vie à exposer des secrets dans le film Le cinquième pouvoir.

Il y a deux histoires rattachées à Julian Assange. Dans la première, il est question de sa mission et de savoir à qui appartienn­ent les secrets. Fondé par l’activiste internet d’origine australien­ne devenu fugitif Julian Assange, WikiLeaks a coulé des millions de filières secrètes sur son site ouvert aux dénonciate­urs-fraudes bancaires, scandales de guerre en Irak, missives diplomatiq­ues… Même lorsque Assange se cachait à l’ambassade de l’Équateur, WikiLeaks a poursuivi ses activités. Même que l’un des plus fidèles collaborat­eurs de WikiLeaks, Bradley Manning a été arrêté cet été et accusé d’espionnage.

La seconde histoire d’Assange en est une de pouvoir, de séduction et de charisme. WikiLeaks vendait des emplois aux plus offrants. Seulement une poignée de gens, des fidèles d’Assange, était nécessaire au bon fonctionne­ment des activités du site.

C’est là que le regard pénétrant de Cumberbatc­h prend toute sa place. Avec ses cheveux blancs et la prothèse qu’il porte dans la bouche pour modifier son visage, il ressemble à Assange à s’y méprendre…

La veille du début du tournage du film, ce dernier a envoyé un courriel à Cumberbatc­h pour lui demander de tout laisser tomber sous prétexte que le film était inspiré des écrits de son ancien bras droit, Daniel Domscheit-Berg.

«Très poliment et presque en s’excu- sant, il disait qu’il ne pouvait pas donner le feu vert à ce film. Se faisant très charmant pour me convaincre, il me disait que j’allais lui nuire à lui, à son entreprise ainsi qu’aux gens qui attendaien­t d’être traduits en justice comme c’est le cas pour Bradley Manning. Il disait aussi que j’allais porter ombrage aux causes qu’il défend et aux gens qu’il affectionn­e en tournant ce film inspiré d’un livre qui donne une vision plus que négative de son entreprise. Je lui ai répondu sur le même ton et je lui ai dit que pour plusieurs raisons, je n’étais pas d’accord avec lui, mais que je n’entendais pas nuire à sa réputation ou présenter une image négative des causes qu’il défend. Je lui ai dit que c’était plutôt le contraire: je tiens votre rôle, j’ai donc à sympathise­r avec vous. Pas question que j’incarne un méchant sans saveur et sans couleur!»

Ça a été la fin de cet échange…

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