Le Journal de Quebec - Weekend

La place des vieux, selon Roy Dupuis

- Cédric Bélanger Le Journal de Québec

Il y a les ravages de la maladie d’Alzheimer et la rivalité entre frangins. Mais L’autre maison est aussi un film qui parle d’enjeux modernes, affirme Roy Dupuis.

À 50 ans, le comédien a une approche différente du cinéma qu’à ses premières années. Quand on lui soumet un projet, c’est l’histoire qui l’accroche. Le rôle proposé passe au second plan. C’est ce qui arrivé dans le cas de L’autre maison.

«C’est une histoire bien écrite avec des dilemmes modernes. Si on va au-delà de l’Alzheimer, ça relance le débat à propos de ce qu’on fait avec nos vieux. C’est une question qu’on ne se posait pas il n’y a pas si longtemps. Les parents allaient vivre chez les enfants, c’était clair. Les rôles étaient plus définis. Les femmes travaillai­ent moins. Aujourd’hui, c’est différent. Tout le monde travaille et on a créé des institutio­ns. Je ne dis pas que ce n’est pas correct. Mais on a créé un business. Il y a de l’argent à faire avec les vieux. Ça pose une question morale.»

Dupuis voit aussi dans L’autre maison un film d’hommes. «On a beaucoup parlé de la femme au cours des cinquante dernières années. Mais il ne faut pas oublier que la libération de la femme a beaucoup changé l’homme. Je pense qu’on doit redéfinir la place de l’homme dans la société d’aujourd’hui. Ça veut dire quoi être un homme? C’est quoi être un père? C’est quoi avoir un père?»

MIEUX À DOMICILE

Contrairem­ent à son personnage, Roy Dupuis penche vers le maintien à domicile des personnes âgées.

«J’ai tendance à dire que l’idéal est que les gens finissent leurs jours avec les êtres qu’ils aiment. Si ce n’est pas possible, il faut les placer dans un endroit où ils peuvent être aimés quand même. De là à dire que dans le film, un frère a plus raison que l’autre, c’est non. On voit bien que pour Éric c’est une échappatoi­re de s’occuper de son père et c’est malhonnête de sa part de mettre de la pression sur son frère Gabriel.»

ANTIPATHIQ­UE

Émile Proulx-Cloutier, qui incarne Éric, abonde dans le même sens que Roy Dupuis lorsqu’on lui demande d’analyser les réactions des fils de Henri.

«Éric a une sorte de rancoeur face à ce frère qui se réalise. L’énergie parfois combattive qu’il met à être le meilleur aidant naturel au monde en fait parfois quelqu’un d’antipathiq­ue», dit le comédien qui a éprouvé un grand bonheur à jouer une personne pas forcément sympathiqu­e.

«Il n’est pas toujours gentil? Ben non! Êtes-vous toujours gentil chez vous? C’est d’autant plus d’intéressan­t d’avoir à jouer quelqu’un qui lutte contre un passé d’alcoolique, qui est un jaloux maladif avec sa blonde et qui ne se choque pas toujours pour les bonnes raisons.»

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