Le Journal de Quebec - Weekend
Laura Dern rend hommage à Jean-Marc Vallée
TORONTO | C’est rare, mais l’adaptation cinématographique de Wild – les mémoires de Cheryl Strayed sur son trajet à pied le long des crêtes du Pacifique pour retrouver la paix d’esprit – rend justice au livre.
La réalisation de Jean-Marc Vallée ( Cra
zy, Dallas Buyers Club) et le scénario signé par Nick Horby ( An Education) y sont certainement pour quelque chose, tout comme le sont également les prestations de Reese Witherspoon (Strayed) et de Laura Dern (la mère de Strayed).
La chimie entre les deux actrices dans leur relation mère-fille est impressionnante et profondément touchante. Lors d’une journée de promotion, Dern s’est attardée sur ce lien filial. «Une des répliques qui nous a tiré plusieurs larmes est celle dans laquelle Reese dit qu’elle avait sûrement à parcourir tout ce trajet pour devenir la femme que sa mère savait qu’elle était. Ça m’a tellement touchée», a dit Dern. Et le public sera tout aussi ému.
MÉRITE
Lorsqu’on lui adresse des compliments sur sa prestation, Laura Dern en attribue aussitôt le mérite au réalisateur. «C’est un hommage au travail de JeanMarc, dit-elle, perplexe qu’on ne connaisse pas davantage le réalisateur québécois. En particulier à son film Café
de Flore, dans lequel Vallée fait une incursion dans la mémoire, le fantasme, le rêve et le deuil.»
«Je pense que Jean-Marc confirme le stéréotype selon lequel les francophones sont plus sensibles aux besoins des femmes», a-t-elle ajouté en riant. Dern est la fille du célèbre acteur Bruce Dern, qui a été nommé aux Oscars, et de Diane Ladd. Mère et fille avaient toutes deux décroché des nominations aux Oscars pour leur rôle dans
Rose passion, l’un des quatre films dans lesquels elles ont partagé la vedette. «Je me sens comme chez moi sur un plateau de tournage, a dit Dern, tout à fait charmante et lumineuse en personne. Je m’y suis retrouvée dès ma naissance. J’adore la communauté. J’adore le fait d’avoir été élevée par des acteurs qui s’intégraient à l’équipe de tournage. J’adore le fait d’avoir grandi entourée de techniciens, d’acteurs, de maquilleurs et autres artisans. Les amis de mes parents sont mes amis.»
LE CINÉMA DANS LE SANG
Dern a fait ses débuts au grand écran en 1973 ( Les Bootleggers) et a tenu un petit rôle dans Alice n’est plus ici – sa mère a également joué dans ce film de Martin Scorsese – en 1974. Et dans les années 1990, elle est devenue la tête d’affiche du film de David Lynch Sailor et Lula (1990) et de la superproduction de Steven Spielberg Le parc jurassique (1993). Elle a participé à une cinquantaine de films, alternant avec aisance entre les
productions hollywoodiennes et indépendantes, dont Un sujet capital (1996),
Ciel d’octobre (1999), Everything Must
Go (2010), La petite famille (2010) et le film crève-coeur Nos étoiles contraires, pour ne nommer que ceux-ci.
Ses parents se produisent toujours à l’écran, son père ayant même relancé sa carrière avec la comédie Nebraska, citée plusieurs fois l’an dernier à la cérémonie des Oscars.
Qu’en est-il de la prochaine génération? L’actrice a une fille âgée de 9 ans et un garçon de 12 ans, tous deux issus de son union avec le musicien Ben Harper.
Leurs enfants rêvent-ils de jouer au cinéma? «Je suis très ouverte à cette idée, a dit l’actrice. Mais je ne pense pas qu’il soit encore temps. C’est tellement drôle, ma mère était résolument contre le fait que je tourne à l’écran, et maintenant, quand elle voit ma fille, Jaya, c’est tout le contraire! Je dis alors à ma mère qu’elle n’a que neuf ans: “Tu m’as empêché de le faire à 12 ans. Laisse-la vivre son enfance!” Nous avons souvent cette dispute.»
Mais Laura Dern l’admet, ses enfants ont un gros potentiel artistique. «Ils seraient la troisième génération d’acteurs de mon côté et la troisième génération de musiciens du côté de mon ex. C’est beaucoup! Qui sait», a-t-elle dit avec philosophie.
L’actrice, quant à elle, espère continuer de cumuler des rôles au grand écran la mettant au défi. «C’est un luxe que d’être acteur. J’ai le loisir de dire et de vivre bien des choses qui me permettent de résoudre bien des choses personnelles, de sorte que je n’aurai jamais à écrire un livre pour me libérer de quoi que ce soit. C’est bénéfique. C’est très personnel et ça me garde en contact avec mes propres émotions.»