Le Journal de Quebec - Weekend
Jonathan Roy, s’éloigner de l’ordinaire
L’artiste lévisien Jonathan Roy explore la frontière entre l’ordinaire et l’extraordinaire, entre le banal et le singulier, entre le quotidien et l’exceptionnel, dans son exposition Troncatures, qui a été prolongée jusqu’au 12décembre à la bibliothèque
Formé en architecture, Jonathan Roy peint depuis plus de 10 ans mais présente pour la toute première fois ses oeuvres au public lors de l’exposition Troncatures: revisiter l’ordinaire.
Il présente une vingtaine de tableaux, la plupart grand format, mettant en scène des composantes minimales et récurrentes: un sol, un ciel, un horizon boisé et des troncs d’arbres, comme perçus là devant soi, à l’échelle humaine.
Entre figuration et abstraction, chaque toile montre un fragment de paysage «ordinaire», volontairement tronqué, capté à un certain instant de son quotidien. Toute la série naît d’une même manière de travailler distinctive, où le papier essuie-tout, détourné de son usage courant, devient un «médium» intermédiaire: les tableaux prennent vie par superposition de papier et d’acrylique, produisant une surface texturée, animée, au grain particulier, qui se construit et se reconstruit sans cesse au fil des couches de couleur.
Troncatures rassemble aussi une collec- tion d’«objets» variés, qui, à la manière de singulières sculptures, sont façonnés de différents matériaux bruts et familiers – des tronçons d’arbres, des retailles de bois de construction, de la tôle d’acier – puis articulés par des procédés des plus minimaux: pliage, clouage, sciage, encastrement, assemblage par quincaillerie usuelle.
D’un objet à l’autre, le processus de création s’appuie d’abord sur les caractères particuliers que porte déjà chaque fragment de matériau «ordinaire», essayant de saisir et mettre en lumière ce que la matière offre, propose dans son état initial: la forme de départ, les textures, les traces d’usure des matériaux «dictent» ensemble les bases des différents objets sculpturaux; ne restant après qu’à retravailler, réorganiser, réarticuler ces morceaux de matière jusqu’à leur imprégner une petite part d’«extraordinaire».