Le Journal de Quebec - Weekend

Une belle carte postale de Paris

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ZAZ, c’est le nom de scène d’Isabelle Geoffroy, une chanteuse et musicienne qui a galéré de chorales en restaurant­s, dans la rue, sur scène en premières parties, dans toute la France, en Sibérie, au Maroc et autres places exotiques où l’on tient la chanson et la culture française, Charles Aznavour ou Trenet, en haute estime. Cette année, c’est la consécrati­on avec plus de trois millions d’albums vendus à travers le monde. À Québec, elle s’est déjà produite en première partie de Stevie Wonder. Sur cet album, plane l’âme de Quincy Jones, réalisateu­r de l’album. La Warner n’a pas lésiné. Le genre, un mélange brut de jazz manouche/musette et de soul/blues acoustique. Avec une thématique, imparable: un hommage à Paris à travers les meilleures chansons du répertoire, remaniées de manière magistrale pour l’occasion, À Paris, Paris Canaille, La complainte de la butte, Sous le ciel de Paris, La Parisienne, Les Champs Élysées. Non seulement les interprète-t-elle avec brio, elle leur insuffle une vigueur insoupçonn­ée. Comme ce duo en big band version swing avec Charles Aznavour, J’aime Paris au mois de mai, un bijou tout comme Les Champs Élysées, avec un arrange- ment mi-Beatles, mi-Sinatra que n’aurait pas détesté Joe Dassin. L’exécution musicale est brillante, le feeling festif, les arrangemen­ts luxuriants, l’instrument­ation sans limites et sans complexe. La défiant à chaque moment, à chaque tournant. Elle se démerde plutôt bien, évoquant la môme Piaf et Colette. Mais avec une fraîcheur bien singulière, tout en mettant sans complexe l’accent sur le e muet, comme on peut mettre les points sur les i. Elle chante comme une déferlante, sachant évoquer l’image comme l’émotion. Chaque chanson fait son cinéma, tout comme Dans mon Paris, une compositio­n, qui décrit bien le Paris loin des cartes postales. Sans être ambitieux, il faut reconnaîtr­e que cela n’est pas évident non plus. Le sujet est en soi éculé, particuliè­rement pour les Français. Mais elle le rend universel. C’est paradoxale­ment la plus belle carte postale de Paris que l’on peut se procurer, et ce depuis des lunes.

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