Le Journal de Quebec - Weekend

JULIETTE BINOCHE, PHOTOGRAPH­E DE GUERRE

- Maxime Demers Le Journal de Montréal

Juliette Binoche dans une

scène du film norvégien A Thousand Times Goodnight

(Mille fois bonne nuit). Récompensé du Grand Prix spécial du Jury l’an passé au Festival des films du monde de Montréal, le

film A Thousand Times Goodnight met en vedette

Juliette Binoche dans le rôle d’une photograph­e de guerre déchirée entre son métier et sa vie de famille. Le Journal s’est entretenu avec la célèbre actrice

française.

Au bout du fil depuis New York, Juliette Binoche se réjouit de pouvoir discuter un peu en français après avoir passé la matinée à accorder des entrevues à des médias américains en prévision de la sortie du drame A Thousand Times Goodnight.

Dans ce film du réalisateu­r norvégien Erik Poppe, l’actrice française de 50 ans se glisse dans la peau de Rebecca, une photograph­e de guerre réputée qui passe tout près de la mort en faisant un reportage sur des femmes kamikazes à Kaboul. Cet événement bouleverse­ra sa vie familiale alors que son mari (Nikolaj Coster-Waldau) et sa fille adolescent­e (Lauryn Canny) tenteront de la convaincre d’abandonner ce métier périlleux.

Ayant travaillé comme photograph­e de reportage il y a une vingtaine d’années, Erik Poppe s’est en partie inspiré de sa propre expérience pour écrire ce film. Le scénario a toutefois été adapté au contexte et à la situation actuelle, précise Juliette Binoche.

«Ce métier a beaucoup changé au cours des 20 dernières années et je tenais à ce que le film démontre bien la réalité actuelle et les tensions qui existent sur le terrain pour les gens qui font du journalism­e de guerre de nos jours», explique l’actrice gagnante d’un Oscar en 1997 pour son rôle dans The English Patient.

«La relation qui se développe entre la photograph­e, son éditeur et sa vie privée est aussi très complexe. Son métier fait partie de sa vie de tous les jours et pour s’accomplir profession­nellement, elle doit être sur le terrain et dans le feu de l’action. En même temps, elle est aussi une mère et une épouse. Son mari et sa fille s’inquiètent pour elle chaque jour.

«Ce dilemme, qui est d’ailleurs le même que pour un médecin ou un travailleu­r humanitair­e basé en zone de conflit, m’a beaucoup intéressée.»

CHANGER LES CHOSES

Juliette Binoche ne le cache pas: le tournage de ce film – et l’important travail de recherche sur le sujet qu’elle a effectué pour se préparer pour le rôle (elle a notamment rencontré quelques photograph­es de guerre) – lui a ouvert les yeux sur la réalité qui se cache derrière le photojourn­alisme.

«Aujourd’hui, je ne vois plus ces photos de la même façon», admet-elle.

«Avant, il m’arrivait d’être dégoûtée et en colère en voyant certaines photograph­ies prises dans des zones de guerre. Je trouvais qu’elles avaient un côté voyeur.

«Maintenant, quand je regarde une photo de guerre publiée dans un journal, je me rends compte du poids réel de cette image. Je vois le travail et le courage qu’il y a derrière et l’importance qu’elle peut avoir. En témoignant de la réalité, une telle photograph­ie peut sauver des vies.» A Thousand Times Goodnight (Mille fois bonne nuit en version originale anglaise avec sous-titres français) prend l’affiche vendredi (le 5 décembre).

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