Le Journal de Quebec - Weekend

DANS LES ENTRAILLES DE POTOSI

LA SEMAINE PROCHAINE : Salvador Dali et le désert de sel

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Émile Zola trouverait de quoi écrire au sujet des villes minières d’Amérique latine. Car si c’est du ventre de la terre que l’on extrait des richesses, les ouvriers qui s’acharnent à ce labeur en voient rarement la couleur. Pendant un séjour en Bolivie, j’ai voulu aller rencontrer ces gens, à la fois démunis et intrépides, qui travaillen­t sous terre, au péril de leur vie, sous le sol de Potosi. Juste avant d’y arriver, je me suis arrêté à Pulacayo, qui fut la deuxième mine d’argent en importance du continent américain. Aujourd’hui presque abandonnée, la ville, où habitaient plusieurs milliers de gens, n’en compte plus que 1200… Un vrai décor d’apocalypse! Des bâtiments monstrueux abandonnés depuis les années 1960 tombent lentement en ruine. Les gens semblent malheureux. Même les chiens errants ont l’air plus triste qu’ailleurs. Puis, une fois rendu à Potosi, je rencontre des mineurs. Avec eux, je descends jusqu’à une profondeur de 120 mètres. Dans un couloir soutenu par des madriers où l’eau suinte et tombe partout au goutte-à-goutte, je suis péniblemen­t le chemin que trace une voie ferrée, en suivant mes guides qui me présentent leur environnem­ent. Je n’ai pas pu faire autrement que de penser à tous ces cataclysme­s qui ont tué des mineurs: éboulement­s, coups de grisou, inondation­s soudaines, etc. Même si la condition sociale du mineur est peu enviable, je trouve difficile de ne pas admirer le courage de ces gens qui savent qu’ils peuvent mourir n’importe quand. Les mineurs me racontaien­t tout le bien qu’ils pensent du Canada et des conditions de leurs comparses d’ici, mais… ils m’ont aussi dit que les compagnies canadienne­s qui exploitent des mines dans leurs pays s’alignent sur les précaires conditions bolivienne­s. Quand on ressort de la mine où l’on étouffe, on respire profondéme­nt l’air frais… Quel luxe!

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