Le Journal de Quebec - Weekend
Pour les fans de belles voix
Le chroniqueur fait souvent face à des choix difficiles au cours d’une année. De nombreuses parutions sont mises de côté, souvent à contrecoeur. Cette chronique et la suivante vont tenter d’y remédier partiellement. Cela a été le sort de Gregory Porter, grand gagnant dans la catégorie jazz vocal lors de la cérémonie de remise des Grammys 2014. Liquid Spirit est son troisième CD, tous ayant été salués par la critique et couronnés par une nomination au gala annuel des Grammys. Sa voix de baryton suave et onctueuse, au phrasé rythmique exceptionnel, voire parfait, rappelle à la fois le gospel, le doo wop et le jazz vocal à la Nat King Cole et a permis une fois de plus au génie musical des Afro-Américains de s’inscrire pour toujours dans le Great American Songbook. Il est né dans une famille de huit enfants et élevé à Bakersfield, en Californie. Sa mère a été ministre du culte. Il a été initié dès l’âge de cinq ans au chant gospel en participant à la chorale paroissiale. Doté d’une forte carrure physique, il a été boursier au football universitaire, mais une blessure à l’épaule l’a obligé à retourner à sa passion de toujours. Un gain pour les fans de belles voix justes et capables de véhiculer une émotion à fleur de peau ( Hey, Laura). Sa force? Prendre comme point de départ une ligne de blues, lui insuffler la puissance dynamique du gospel et l’interpréter avec la force tranquille de celui qui se sait «Smooth Operator», un négociateur astucieux et subtil ( Musical Genocide, Free). Il chante les vertus de la réconciliation et du compromis ( The In Crowd) avec une sincérité à arracher des larmes à un coeur de pierre ( Was King).