Le Journal de Quebec - Weekend
Anne Dorval et Élise Guilbault
l’ordinaire. Stéphan Bureau et sa petite équipe «vivent» longtemps avec les personnalités qu’ils reçoivent. «On pense à nos invités 12 mois par année, où on se relance avec des idées, où on sort des stéréotypes, mais avec six mois à temps plein pour produire les émissions. J’ai eu René-Richard Cyr sur mon écran pendant huit mois! lance-t-il. Je connais très bien mes invités. Avec Les Grandes Entrevues, on veut créer de l’intimité et consacrer du temps aux artistes.»
«Ça prend du temps pour expliquer la somme de tes connaissances. Il y a un côté master class là-dedans. Ce n’est pas un hot seat non plus. On ne sort aucun cadavre du placard. Je suis respectueux de la vie intime des gens. Je m’y aventure avec pudeur et sais prendre la porte si elle s’ouvre. C’est un consentement mutuel. Tout est rigoureusement scripté. Il y a 30-40 éléments en amont, je sais où je m’en vais tout en restant ouvert aux réponses. Parce que dans un monde idéal, un animateur, tu ne dois pas l’entendre trop. Un animateur ne doit pas être meilleur que son invité. Et les invités sont d’une extrême générosité.»
UNE FORMULE ÉTUDIÉE
« Les Grandes Entrevues offre chaque semaine des moments de grâce. Je me souviens d’avoir vu Sonia Vachon bouleversée par la présence de Benoît Brière sur le plateau, lui donnant la réplique dans la scène du balcon de Roméo et Juliette. Martin Cloutier, du duo Dominic et Martin, a parlé avec beaucoup d’émotions de la relation avec son père. Anne Dorval a confié ses angoisses face à la mort. Il n’y a pas de doute, nous assistons à des moments privilégiés dans un enrobage divertissant.»
«Dans la prochaine saison (qui débute ce soir), vous verrez Patrice Robitaille nous livrer un extrait de Cyrano – le coeur du public battait dans sa main –, Christian Bégin, être dangereusement autocritique avec une candeur comme on en voit peu, et AnneMarie Cadieux nous entraîner dans les coulisses de la tournée avec Robert Lepage. C’est fascinant.»
L’animateur nous promet aussi une émission complètement débile avec François Pérusse et, d’abord, 90 minutes avec Guy Jodoin, d’une grande générosité. «Aujourd’hui, avoue-t-il, nous devons lutter contre notre propre concept pour éviter l’anticipation. Les artistes connaissent l’émission et se font des scénarios. Rémy Girard, par exemple, se doutait que nous allions recevoir son grand ami Normand Chouinard. Il ne se doutait pas par contre qu’il serait appelé à plaider comme lors de leurs études en droit. Nous devons toujours essayer de surprendre.»
«Nous avons créé un format distinct, étudié par d’autres diffuseurs. Un format qui tient la route depuis 10 ans et qui, en s’ouvrant au-delà des humoristes, ouvre la porte à plein de belles opportunités.» Et qui renverse petit à petit la tendance dans un monde où nous avons bien besoin de nous arrêter un peu et de profiter du moment.