Le Journal de Quebec - Weekend

Devie une belle leçon

Dans McFarland, Kevin Costner incarne Jim White, un vrai professeur de football qui se recycle en prof de crosscount­ry lorsqu’il arrive dans une petite ville de Californie.

- Isabelle Hontebeyri­e Agence QMI

À l’occasion de la sortie prochaine du long-métrage des studios Disney, nous avons parlé au vrai Jim White. Voici ce qu’il nous a dévoilé de cette production inspirante.

Comme bon nombre d’histoires sportives bien faites, McFarland est l’exemple par excellence. En 1987, Jim White (Kevin Costner) arrive à McFarland avec sa femme Cheryl (Maria Bello) et leurs deux filles, Julie (Morgan Saylor, vue dans Homeland) et Jamie (Elsie Fisher). Car ce prof de sport, et en particulie­r de football, a un caractère tellement exécrable que le seul emploi qu’il parvient à décrocher est dans une école de cette bourgade perdue au milieu de nulle part. McFarland, en Californie, c’est aussi une ville dont la population est majoritair­ement composée de Latinos qui travaillen­t comme cueilleurs dans les champs avoisinant­s.

Jim White n’a qu’une seule envie: travailler sans faire d’esclandre de manière à se faire embaucher ailleurs à la fin de l’année scolaire. Sa femme et ses filles n’y sont d’ailleurs pas opposées, car elles ne sont pas très chaudes à l’idée d’être les seules «Blanches» du coin.

À l’école, Jim a du mal à s’imposer, l’autre entraîneur de l’équipe de football sape son autorité. Mais il remarque vite quelque chose: certains des élèves (tous Latinos) sont doués pour la course. Pourquoi ne pas créer une équipe de crosscount­ry, sport reconnu dans les écoles californie­nnes?

DE LA VRAIE VIE À LA FAUSSE…

Le vrai Jim White a été approché en 1999 par la productric­e Mary Martin. «En fait, l’un de ses amis, qui avait envie de sortir avec elle depuis longtemps, lui a parlé de moi. Mais elle ne voulait absolument pas! Il a réitéré, lui disant que si elle sortait avec lui, il lui donnerait une bonne histoire. Elle a finalement cédé et voilà. (Rires.)»

À l’époque, Jim White avait déjà fait l’objet d’un article dans le Los Angeles Times puisqu’en un an seulement, il avait réussi à faire de l’équipe de cross-country de McFarland les champions des compétitio­ns de Californie, une prouesse répétée pendant des années, l’homme ayant finalement décidé de rester dans la ville qui l’avait si bien accueilli.

«Je dois avouer qu’on a toujours des réserves, des questions, des doutes et des interrogat­ions quand un projet comme celui-ci voit le jour», a-t-il admis lors de l’interview. «Au début, on se dit tout simplement que ça ne se fera probableme­nt pas. J’avais un ami qui travaillai­t à Disneyland et qui m’a dit que c’était le genre de projet qui pouvait mettre 10 ans à se concrétise­r. Eh bien, vous voyez, ça a mis bien plus que 10 ans! (Rires.)»

Autre chose bien amusante, le fait que les scénariste­s Christophe­r Cleveland, Bettina Gilois et Grant Thompson aient décidé de réaménager un peu la vie de la famille White pour des raisons de passage au grand écran. «Nous nous sommes demandé pourquoi nous n’avions plus trois filles [NDLR: Jim et Cheryl sont, en effet, les parents de trois enfants], mais ils préféraien­t n’en avoir que deux. En fait, c’est plus facile de montrer deux filles dans la même chambre à l’écran que trois! Sur le plateau, ce n’était qu’une seule chambre, une moitié décorée pour une adolescent­e et l’autre moitié décorée pour la plus jeune [NDLR: dans le long-métrage, les filles ont chacune leur chambre]. Mais je comprends.»

Il avoue également qu’une fois le concept accepté, «nous n’étions pas censés voir le scénario. Mais, via Mary Martin, nous avons été tenus au courant des développem­ents. Dans l’ensemble, ce qui est montré est proche de la réalité.»

Le vrai Jim White – qui répond: «Oh non madame!» quand on lui demande s’il a don-

né des indication­s à Kevin Costner sur la manière de l’incarner – a passé du temps sur le plateau. «Je n’ai pas vu l’intérieur de la maison, mais j’ai été sur le plateau de tournage pendant deux semaines, notamment pour les scènes tournées à Los Angeles et dans les environs. J’ai assisté, par contre, au tournage de toutes les courses.» L’homme n’a pas éprouvé de sentiment d’étrangeté à voir sa vie ainsi remaniée et filmée. «Par contre, j’ai appris beaucoup sur la manière dont on tourne un film.»

UN PROPOS SOCIAL

La population latino tient une large place dans McFarland, de même que les conditions de vie des cueilleurs de fruits et légumes, sans qui l’agricultur­e californie­nne n’existerait pas. Et les adultes ne sont pas les seuls à s’échiner dans les champs: les enfants (ceux que Jim White entraîne) commencent leur journée à 4 h 30 pour aller aider leurs parents avant d’aller à l’école.

«Je suis content que cet aspect-là de la réalité ait été conservé. C’est non seulement exact, mais c’est une histoire extrêmemen­t touchante», a-t-il commenté.

«La plupart des enfants à qui j’ai enseigné nous considèren­t, ma femme et moi, comme leurs deuxièmes parents, même encore maintenant. Et nous les traitons comme nos enfants. Même si c’est un aspect qui n’est pas du tout montré dans le film, Cheryl était une grande partisane de l’équipe. Elle a fait bien plus que de dire “au revoir” aux enfants quand ils se rendaient à une compétitio­n. Elle a été une partie intégrante de mon succès.»

Son intégratio­n à la communauté latino de McFarland n’a pas été «facile». «Disons que cela a été un processus d’apprentiss­age dans le sens positif du terme, a insisté Jim White. Je me suis toujours considéré comme un homme intègre. Je n’ai jamais menti, ni aux jeunes ni à la communauté, j’ai toujours dit ce que je pensais.»

Étrangemen­t, Kevin Costner n’a jamais voulu parler à Jim White avant le visionneme­nt du film! «Il a refusé. Il a expliqué que c’est parce qu’il avait le sentiment que le scénario ne me rendait pas justice. Il a poussé pour faire des changement­s et c’est grâce à lui que le Jim White qu’il incarne a été modifié.»

Dans le générique de la fin, où on voit Jim White et les jeunes aujourd’hui, en train de courir, on apprend également que les anciens élèves ont tous décidé de rester à McFarland et de contribuer à la vie de leur communauté.

«Je suis encore en contact constant avec eux. Tous les dimanches M me Diaz [NDLR: la mère de l’un des jeunes, incarnée par l’actrice Diana Maria Riva] continue de nourrir tout le monde. Je ne sais d’ailleurs pas comment Kevin Costner a fait pour manger autant d’enchiladas dans l’une des scènes!»

Sur une note plus sérieuse, Jim White a conclu: «Je crois qu’il est possible de toucher des jeunes à travers l’éducation et l’apprentiss­age, mais le sport permet de les rassembler tous. Je pense aussi qu’un film sportif est plus inspirant. Les gens en ont assez des longs-métrages dans lesquels on voit des tueries et de l’action sans rien d’autre.»

McFarland arrive sur les écrans de la province le 20 février.

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