Le Journal de Quebec - Weekend
Du panache, mais rien de remarquable
On lui donne le crédit d’imposer sa vision. N’empêche que Rebel Heart mange à tous les râteliers et couche à toutes les enseignes.
Une foule de réalisateurs, dont Diplo, Kanye West, Avicii et Ryan Tedder, et des collaborateurs, dont Nicki Minaj, Chance The Rapper et Nas, contribuent à une promiscuité dérangeante. Mais, finalement, une cohésion toute à son honneur: EDM hardcore ( Bitch, I’m
Madonna, avec une Nicki Minaj déchaînée), folktronica ( Devil Pray), Hold
Tight, du pur Avicii avec de l’autotune totalement énervant, puis une pop typique de sa période Like a Prayer ou
Ray of Light ( Joan of Arc, Hearbreak City) et, pour clore le tout, un simili rock d’aréna ( Rebel Heart). On ne peut nier que c’est accrocheur, qu’elle a toujours la vibe ( Living for
Love, avec le même message qu’une France Castel sur la vie!), que le propos touche des millions de fans qui l’ont suivie depuis des décennies, qu’il y a de l’humour sans complaisance ni apitoiement sur les vicissitudes de sa propre condition. Ceci dit, elle prêche un peu, avec ce faux reel ( Devil Pray) antidrogue joliment tourné. À 56 ans, elle brave le déclin; ainsi soit-il! Elle doute, mais cela ne l’empêche pas de faire face. Ce qui est surprenant, c’est la détermination de ne pas céder sa place à de plus jeunes ( Unapologetic Bitch, servie reggae). Y compris pour la provocation ( Holy Water), dont elle se dit dénuée de toute intention. On ne la croira pas. L’ambition, blonde ou non, l’habite toujours, démesurément ( Illuminati). Dix-neuf chansons, plus de 75 minutes, pratiquement un CD double. C’est long, surtout passé la première écoute intégrale. Honnête, du panache, mais rien de remarquable. Ce sera selon.