Le Journal de Quebec - Weekend
Ant-Man
Depuis des années, les studios Marvel nous ont habitués à tellement mieux qu’Ant- Man fait penser à du remplissage.
Si les effets spéciaux sont impeccables (la 3D est inutile), que Michael Douglas est parfait en Hank Pym et Paul Rudd surprenant en Scott Lang, cela ne suffit pas à compenser le vide du scénario écrit par Edgar Wright, Joe Cornish, Adam McKay et Paul Rudd (oui, ils sont quatre!).
SIMPLISTE
Car le fond de l’histoire est simpliste – un criminel cherche l’approbation de sa fille – et les différentes scènes d’action ne peuvent masquer ce manque. Hank Pym (Michael Douglas, rajeuni de manière impressionnante par ordinateur dans les premières minutes explicatives), a découvert une particule qui permet de rapetisser un humain tout en augmentant sa force de manière exponentielle. Il a donc oeuvré, il y a plusieurs années, au sein du S.H.I.E.L.D. en compagnie de sa femme, aujourd’hui décédée. Mais, parce que son ancien apprenti et désormais rival Darren Cross (Corey Stoll) veut vendre sa version de la particule à des méchants, Pym sort de sa retraite pour sauver la planète.
Comme il ne peut renfiler le costume d’Ant-Man (pour des raisons qui ne sont pas expliquées), il fait appel à Scott Lang, sorte de Robin des bois sortant de prison qui ne rêve de rien d’autre que de revoir régulièrement sa fille, la petite vivant désormais avec son ex-femme (Judy Greer) et son amoureux (Bobby Cannavale). À cette trame narrative, il faut également ajouter Hope (Evangeline Lilly), fille de Pym, qui joue un double jeu avec Cross… et qui tombera dans les bras du nouvel homme fourmi. Les effets spéciaux, et ils abondent, sont à l’égal de ceux auxquels Marvel nous habitue depuis les tout débuts de la création de leur univers cinématographique (eh oui, c’était Iron Man en 2008). Les rapetissements et agrandissements successifs d’Ant-Man sont bien faits, même si le relief n’apporte absolument rien. Et les premières scènes sont d’ailleurs intéressantes puisqu’elles permettent de prendre la mesure de la petitesse du justicier masqué et des habiletés qu’il va lui falloir développer.
Toujours en ce qui a trait au positif, Michael Douglas est un ancien super héros on ne peut plus convaincant, son talent apportant à son personnage de Pym une profondeur d’autant plus indispensable qu’elle fait cruellement défaut à celui de Scott Lang.
LE POT
Car, après les fleurs, voici le pot (et il est bien rempli!). Un super héros est nécessairement torturé et c’est ce qui le rend si intéressant, qu’il s’agisse du Batman de Chris Nolan, des Watchmen de Zack Snyder, des X-Men, quel que soit le réalisateur, et, bien sûr, des Iron Man, Avengers, etc. De la même manière qu’il lui faut sacrifier quelque chose pour sauver l’humanité.
Or, Scott Lang n’est rien de tout cela. Paul Rudd – physiquement impressionnant quand il enlève son t-shirt – a l’air de tout, sauf d’un être qui se pose mille et une question sur sa mission sur Terre et les scénaristes n’ont malheureusement pas pensé à lui donner de justification plus profonde que celle d’impressionner pour obtenir un droit de visite de sa fille.
VOCATION FAMILIALE
Autre problème, l’humour omniprésent. Car Ant-Man se positionne résolument comme une comédie. Malheureusement, nous ne sommes pas dans Les gardiens de la galaxie, mais dans un long métrage à vocation excessivement familiale, probablement destiné à séduire un public plus jeune (préado et ado). Du coup, on a rapidement l’impression de se retrouver dans une oeuvre expurgée, où les moments forts sont constitués de scènes dans lesquelles le héros contrôle des fourmis. Et, passée la première heure, ça ne fonctionne plus, au point qu’on se dit qu’il aurait mieux valu attendre quelques mois avant de pouvoir visionner ce long métrage confortablement assis dans son salon.