Le Journal de Quebec - Weekend
MICHAEL MOORE PART À LA CONQUÊTE DU MONDE…
Dans L’invasion américaine, le réalisateur pamphlétaire Michael Moore continue de démonter le système américain. Cette foisci, il se promène aux quatre coins du monde pour examiner la manière dont les autres pays fonctionnent, qu’il s’agisse de congés pay
C’est en décembre dernier – Michael Moore se remet actuellement d’une pneumonie et n’a pu assurer la promotion de son documentaire – que le cinéaste s’était livré à une ronde d’entrevues et de conférences de presse devant public afin de préparer la sortie de L’invasion américaine.
Car il a tourné cette oeuvre exclusivement à l’extérieur des États-Unis – alors que ses longs métrages précédents se déroulaient tous en sol américain –, une démarche totalement consciente de sa part, prévue dès le début du projet.
«Après 25 ans dans ce métier, je voulais changer un peu la manière de faire. C’était pour moi, pour que mon travail continue de m’intéresser, a-t-il expliqué au public de 92nd Street Y, un organisme communautaire de New York. J’ai donc proposé à mon équipe de faire un film sur tout ce qui ne fonctionne pas aux États-Unis sans jamais tourner une seule ima- ge dans le pays! [rires]»
«Pourquoi ne pas montrer que d’autres pays ont trouvé des manières efficaces de lutter contre bon nombre de problèmes auxquels nous faisons face? Du coup, plus la projection avance, plus les spectateurs se sentent mal puisqu’ils réalisent qu’il est possible de fonctionner autrement!»
«Nous voulions amorcer une conversation générale, tout en donnant aux gens un espoir tangible. […] C’est un peu comme si un groupe de cyniques décidait de faire un film optimiste? Nous sommes tous très optimistes et, oui, nous croyons que tout est possible, que le fameux cliché sur les États-Unis [NDLR: le rêve américain] peut se réaliser», a-t-il dit.
LES ÉTATS-UNIS COMME MODÈLE…
Michael Moore le souligne dès qu’il en a l’occasion, il ne détaille jamais ses documentaires avant le tournage et ses scénarios sont quasi inexistants. Il a donc tourné L’invasion américaine en quatre mois et demi dans 12 pays, presque à l’aveugle.
«Je ne scénarise pas. Bien sûr, je pars avec une idée de base, une liste – dans ce cas précis – de pays où je veux aller. Nous nous y rendrons, mais je vais avoir une autre idée en chemin, comme, pour L’in
vasion américaine, d’aller en Estonie.» «Je demande aussi aux producteurs de ne pas me révéler les résultats des recherches effectuées au préalable, avant le tournage, a poursuivi le réalisateur. Je veux l’entendre, en premier, de la bouche des personnes que j’interviewe. À l’écran, je me considère comme un émissaire, un représentant du public. Je n’ai aucune raison de vouloir me retrouver sur un écran géant, et tous ceux qui détestent se faire prendre en photo savent très bien de quoi je parle.»
«De fait, quand j’entends quelque chose pour la première fois, j’ai la réaction que vous auriez. Je vais vous donner un exemple. Quand la jeune Italienne explique que les deux semaines de congé pour sa lune de miel sont payées parce que c’est la loi, mon expression incrédule [rires] est réelle. Si mes producteurs me l’avaient dit avant, j’aurais très mal joué la comédie. J’apprends les choses en les tournant et vous, en les voyant, comme le fait qu’il n’y a pas eu, au Portugal, une seule arrestation relative au trafic de drogue depuis 15 ans», a-t-il relaté en s’exclamant.
L’invasion américaine arrive dans les salles le 26 février