Le Journal de Quebec - Weekend

Boris sans Béatrice

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- Isabelle Hontebeyri­e

Film de Denis Côté Avec James Hyndman, Simone-Élise Girard et Isolda Dychauk

À trop miser sur le symbolisme, Denis Côté livre un film froid, dans lequel il est difficile de se retrouver.

Boris (James Hyndman), c’est Boris Malinovsky, un homme d’affaires aux origines russes. Il est riche, sait ce qu’il veut et est un peu désagréabl­e (disons qu’il ne s’enfarge pas dans les politesses). Il n’est pas porté aux effusions, sa fille Justine (Laetitia Isambert-Denis) en sait quelque chose. Il remplit son devoir de père – en l’occurrence, sortir sa fille du poste de police après qu’elle a été arrêtée dans une manifestat­ion – machinalem­ent, voulant la faire rentrer dans le rang qui est le sien.

Le monde de Boris est à son image. Lisse, froid, sec et cassant. Mais sous cet aspect dominateur et net, l’homme cache une blessure. Sa femme, Béatrice (Simone-Élise Girard), ministre du gouverneme­nt fédéral (on note le clin d’oeil fait par le cinéaste, Bruce LaBruce incarnant le premier ministre), est atteinte d’une mélancolie tellement grave qu’elle en est devenue catatoniqu­e. Elle ne parle pas et se contente de fixer le vide. Klara (Isolda Dychauk), une aide à domicile, s’occupe de Béatrice tandis que Boris a une liaison avec Helga (Dounia Sichov), l’une de ses employées.

SA FAUTE

Un soir, Boris est convié à un rendezvous avec un homme mystérieux (Denis Lavant, vu notamment dans le Holy Motors sorti en 2012 et plusieurs autres films de Léo Carax) qui lui offre son aide. Le marché est simple: si Béatrice est dans cet état, c’est la faute de Boris. Elle n’ira mieux que s’il change sa vie. Tout d’abord, notre homme ne tient aucun compte de ce que lui a dit l’inconnu et commence une aventure avec Helga. Mais, petit à petit, comme Boris s’aperçoit qu’il aime profondéme­nt Béatrice, il commence à devenir plus humain.

Denis Côté ( Vic + Flo ont vu un ours ou Curling) offre, avec Boris sans Béatrice, un drame épuré, qui se refroidit au fur et à mesure que Boris prend conscience de son arrogance. Quelques moments sortent du lot, comme cette scène dans une piscine entre Boris et sa mère (Louise Laprade), qui permet de comprendre une partie de la psyché du protagonis­te ou encore ce dialogue de début de réconcilia­tion entre Boris et Justine.

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