Le Journal de Quebec - Weekend

TÉLÉVISION

Pas facile de parler de sexe à la télé, sans tabou ni complexe. C’est pourtant le pari relevé par Lili Boisvert dans l’émission Sexplora. Un pari qui a, malheureus­ement, valu à l’animatrice d’être victime de commentair­es sexistes, et même de harcèlemen­t,

- Malik Cocherel

Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur la libido, l’orgasme, le fétichisme, la masturbati­on, la vulve ou le pénis, sans jamais oser le demander. Ce clin d’oeil au classique de Woody Allen aurait très bien pu servir de sous-titre à qui, selon son animatrice Lili Boisvert, est un savant mélange entre « l’irrévérenc­e d’Urbania » (qui produit l’émission) et «la rigueur scientifiq­ue d’ICI Explora» (qui la diffuse).

«Je trouve que la sexualité est un sujet qui n’est pas assez abordé de manière journalist­ique», détaille Lili Boisvert, en entrevue avec «Souvent, on parle de sexualité pour faire rire. C’est correct de traiter ça avec légèreté, mais il ne faut pas se limiter à ça. Le sexe, c’est beaucoup plus qu’une ».

LES JOIES DE LA MASTURBATI­ON

Après avoir tenu un blogue sur la sexualité à Radio-Canada, la journalist­e a choisi d’aborder de front le sujet au petit écran. Mais il n’est pas toujours facile de parler de sexe à la télé, où tout n’est pas forcément permis. «C’est sûr que tu ne peux pas tout montrer, confie Lili Boisvert. On a un épisode sur la vulve, mais à aucun moment dans l’émission, on voit une vulve. C’est clairement un tabou».

La masturbati­on reste également encore un sujet qui fait rougir certains, ce qui n’a pas empêché de consacrer tout un épisode à la question. «Souvent, quand on parle de masturbati­on, c’est quelque chose de glauque, souligne Lili Boisvert. On assimile ça à une sexualité de Et je ne vois pas pourquoi. La masturbati­on, c’est quand même la source première de sexualité dans la vie de bien des gens. Donc, je trouvais que ça pouvait être sain d’en parler de manière joyeuse».

HARCELÉE SUR FACEBOOK

Cette approche n’a malheureus­ement pas fait plaisir à tout le monde. «Il y en a que ça choque de voir une femme parler de sexualité de manière frontale, explique l’animatrice. Le fait d’évoquer la sexualité avec un esprit critique, et non pas pour exciter les gens, ça dérange aussi. Certains aimeraient qu’on parle de sexualité uniquement sous un angle pornograph­ique, et cantonner le sexe à la por no » . Plus dérangeant et choquant encore, suite à l’émission, Lili Boisvert a été victime de harcèlemen­t sur les réseaux sociaux.

«J’ai reçu des messages hyper vulgaires, complèteme­nt déplacés, et d’autres dans ma messagerie qui n’étaient pas forcément vulgaires, mais très répétitifs et insistants, nous révèle-t-elle. Honnêtemen­t, ça m’affecte beaucoup. Les commentair­es sexistes, ça ne m’atteint pas parce que ça fait longtemps que j’en entends, mais le harcèlemen­t sexuel, je t’avoue que j’ai bien de la misère avec ça. Y’en a un pour lequel je ne sais pas encore si je dois, ou non, aller voir la police pour déposer une plainte. Ça m’affecte beaucoup, mais en même temps, je ne veux pas m’empêcher de faire des affaires à cause de ça, en me disant, peut-être que je vais me faire harceler après».

Heureuseme­nt, Lili Boisvert a également reçu énormément de retours positifs, notamment de la part de couples qui lui ont rapporté que l’émission avait eu un impact sur leurs relations et leur façon d’aborder la sexualité.

«Un des objectifs qu’on s’était donné pour c’était que les couples écoutent l’émission ensemble, explique-t-elle. Et j’ai plein de gens qui m’ont dit, “oh, j’ai écouté ça avec ma blonde!” ou “j’ai écouté ça avec mon chum!”. Ça a permis de soulever des questions, et même de favoriser la communicat­ion, dans des couples. Et ça, c’est vraiment cool!» Les six épisodes de l’émission sont aussi disponible­s sur le site ICI Tou.tv.

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