Le Journal de Quebec - Weekend

« LE RAP QUÉBÉCOIS VA ALLER PLUS LOIN »

Les salles de spectacle sont pleines, les fans sont énergiques, les albums se vendent par dizaines de milliers et les critiques sont en général dithyrambi­ques. Le hip-hop québécois est en plein essor grâce à une cohorte d'artistes talentueux, décomplexé­s

- Cédric Bélanger cedric.belanger @quebecorme­dia.com

Lors du Festival d'été, en 2015, Loud Lary Ajust a semé l'hystérie dans un Impérial rempli au bouchon alors que le groupe n'était même pas la vedette de la soirée puisque ce sont les Américains Run The Jewels qui étaient les têtes d'affiche.

Début 2016, Koriass, Dead Obies et Brown, tous à l'horaire du FEQ cette année, ont tour à tour sorti de nouveaux albums dont la qualité a été unanimemen­t saluée. Le Gesamt

kunstwerk de Dead Obies est même en lice pour le prix Polaris, remis au meilleur album canadien de l'année. Et quand les rappeurs «osent» mélanger le français et l'anglais dans leurs chansons, ça fait les manchettes.

Vit-on l'âge d'or du hip-hop, comme plusieurs le suggèrent depuis quelques mois? Fondateur des Disques 7e Ciel et parmi les pionniers de cette nouvelle génération de rappeurs québécois, Steve Jolin croit que non.

«Je pense que le rap québécois va aller plus loin. L'âge d'or, on disait déjà ça dans le temps de Muzion et Sans pression. À mon avis, c'est cyclique. La différence, c'est que les médias s'intéressen­t plus au rap. Avec les années, le rap dans le monde entier a pris une tangente plus populaire. Comme le Québec finit toujours par rattraper les autres, c'était inévitable que les groupes rap allaient émerger», analyse Jolin, qui a lui-même enregistré quelques albums sous le nom Anodajay.

QUALITÉ EN HAUSSE

Jolin, dont la maison de disques compte sur des artistes de la trempe de Koriass et Samian entre autres, constate tout de même que la qualité de la musique hip-hop faite chez nous a augmenté considérab­lement au cours des dernières années.

«J'ai parti mon label en 2003 et j'ai vu l'évolution du son, des rappeurs, de la recherche, de la profondeur. Aujourd'hui, on peut rivaliser avec n'importe qui. La production est de grande qualité.»

Du coup, les rappeurs deviennent des figures reconnues dans la culture populaire. Comme les KanyeWest et Kendrick Lamar aux États-Unis.

«Au Québec, Koriass s'est intégré dans la culture populaire. À preuve, ce n'est pas rare de le voir dans des émissions de variétés. On n'aurait pas imaginé le voir à Tout le monde

en parle il y a quelques années», observe Steve Jolin.

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada