Le Journal de Quebec - Weekend
DÉSHABILLER SES PERSONNAGES
L’idée d’écrire une série sur l’univers des danseurs nus est venue à Danielle Trottier lors d’une balade à pieds à Montréal, alors qu’elle passait devant Le 281, ce célèbre cabaret érotique masculin situé sur Ste-Catherine. «J’ai réalisé que je n’y étais
Cette promenade déterminante remonte à 2012. La promesse venait de prendre fin après 7 saisons à TVA et Unité 9 s’apprêtait à bouleverser les mardis soir de 2 millions de téléspectateurs à Radio-Canada. La période de gestation de Cheval-serpent, qui sera mis en ligne sur ICI Tou.tv Extra mercredi, s’est donc étirée sur plusieurs années, chose que Danielle Trottier ne regrette nullement.
«Ça a donné au projet le temps de mûrir, note la principale intéressée. On change beaucoup comme auteur en cinq ans. L’histoire en profite.»
«Ça me ferait peur de commencer à écrire tout de suite après un flash, poursuit-elle. J’ai besoin de temps pour approfondir mon sujet, connaître les grands enjeux derrière la série, etc.» UNE HISTOIRE
Réalisée par Sylvain Archambault ( Les pays d’en haut, Mensonges) et produite par Aetios, la première saison de Cheval-serpent s’articulera autour des personnages de David Gauthier (Guillaume Lemay-Thivierge), copropriétaire du bar de danseurs nus, et Laurent St-Pierre (Daniel Parent), maire de Montréal. Parce qu’au-delà des numéros de cabaret au cours desquels plusieurs morceaux de peau seront dévoilés, il y aura bel et bien une histoire qui sera tissée à travers ces 10 épisodes.
«J’espère avoir réussi à dépasser l’image du gars nu, indique Danielle Trottier. Dans Cheval-serpent, les hommes m’intéressent beaucoup. Je déshabille les hommes pour savoir qui ils sont vraiment.» LA PRESSION Les attentes sont grandes envers
Cheval-serpent. Danielle Trottier le sait bien. Depuis les débuts d’Unité
9, tout ce qu’elle écrit est scruté, analysé et critiqué. Malgré tout, l’ex-muséologue dit bien gérer cette pression. «Après la première saison d’Unité 9, j’ai dû faire un travail sur moi. Comme auteur, il faut avoir confiance en soi pour oser faire des choix pas faciles. Quand j’ai écrit la saison où Marie Lamontagne se révoltait et faisait une tentative de suicide, je savais que ça allait déplaire à une partie du public. Mais j’ai foncé pareil, parce que c’était cohérent avec l’histoire que j’avais en tête. C’est impossible de plaire à 2 millions de personnes.»
«J’ai beaucoup fait pleurer les téléspectateurs avec Emma, La promesse et Unité 9. Avec Cheval-serpent, j’ai le goût de faire danser les gens, ajoutet-elle. Si vous restez sans bouger sur votre divan en regardant danser Mustang, Billy, Angel, Pete et Frank, j’ai raté mon coup.»