Le Journal de Quebec - Weekend
DES ZOMBIES QUÉBÉCOIS
Ils ont beau être très populaires à Hollywood depuis quelques années, les films de zombies restent plutôt rares dans la cinématographie québécoise. Le cinéaste Robin Aubert a osé s’attaquer au genre de façon très personnelle avec son nouveau film, Les Aff
Succès surprise, le mois passé, au Festival de Toronto où il a même remporté le prix du meilleur film canadien, Les Affamés met en scène un petit groupe de survivants (joués notamment par Marc-André Grondin, Monia Chokri et Brigitte Poupard) qui se cachent en forêt pour fuir des habitants de leur région qui sont devenus particulièrement violents et affamés de chair humaine.
UN FILM TRÈS PERSONNEL
Robin Aubert, qui avait déjà exploré le cinéma de genre avec son film d’horreur Saints-Martyrs-des-Damnés, dit avoir écrit l’intrigue des Affamés en s’imaginant simplement dans une situation semblable à celle que vivent les personnages de son film.
« Qu’est-ce que je ferais si j’étais face à ma mère, mon frère ou un ami qui était transformé en zombie ? Je ne sais pas si j’ai répondu à cette question dans le film, mais l’idée est venue de là », a expliqué Aubert dans une entrevue accordée par courriel.
En allant présenter le film au Festival de Toronto le mois dernier, Aubert avait révélé au public que Les Affamés était un film très personnel pour lui parce qu’il avait souvent l’impression d’être entouré de zombies dans la vie de tous les jours.
« On vit une période de l’humanité un peu sombre à mes yeux, a souligné le cinéaste et acteur lorsque questionné sur le sujet cette semaine.Je me sens entouré de zombies dans la mesure où plus rien n’a de sens. On a perdu notre esprit critique, notre compassion face à l’autre. C’est peut-être très nihiliste comme pensée. J’essaie malgré tout de voir le beau dans l’humain. Dans ces petits gestes du quotidien. Avec son humour. »
Marc-André Grondin, qui incarne le personnage de Bonin, un héros ordinaire, dit avoir reconnu le style et la signature personnelle de Robin Aubert dès qu’il a lu le scénario du film. « J’ai tout de suite trouvé qu’il y avait beaucoup de Robin dans le film, explique l’acteur. J’ai appris à connaître l’homme pendant le tournage et je trouve que le film englobe toutes les facettes de sa personnalité. Comme mon personnage de Bonin, Robin est un nerd de région. Il fait des jokes plates, mais il a aussi une poésie en peu de mots. Il peut te faire rire et t’émouvoir dans la même phrase. Je me suis beaucoup inspiré de lui pour jouer le person- nage de Bonin. »
MÉLANGE DE GENRES
Avec Les Affamés, Robin Aubert a su éviter plusieurs pièges du film de zombies à l’américaine, en contournant plusieurs des clichés souvent liés au genre. Pour Grondin, le cinéaste a réussi à offrir une proposition originale justement parce qu’il n’a pas abordé ce long métrage simplement comme un film de zom
bies.
« Pendant le tournage, on avait l’impression de faire un film d’auteur et non un film de zombies, raconte Grondin. « Mais après l’avoir vu, le résultat final, je pense qu’on peut assumer que c’est vraiment un film de zombies. J’aime d’ailleurs beaucoup le résultat que ç’a donné. Je trouve qu’on a réussi à trouver le bon équilibre entre tous les genres différents qu’on retrouve dans le film. Il y a beaucoup d’humour, de moments touchants, de sursauts et un peu de gore. J’ai hâte de le voir dans une salle de cinéma avec le public parce que je pense que c’est un film très interactif qui va faire réagir les gens. »
Le film Les Affamés prendra l’affiche vendredi.