Le Journal de Quebec - Weekend
PATRIMOINE TÉLÉVISUEL
C’est en juillet 1952 que la télévision québécoise a fait son entrée en ondes. C’était pour la diffusion d’un match de baseball des Royaux de Montréal. Les foules se ruaient devant les vitrines des magasins de téléviseurs pour y assister. C’était ce qui a marqué l’intérêt des Québécois pour découvrir leur culture et mettre de l’avant leur identité. En cette fin de semaine de la fête nationale, je vous propose de retourner dans vos souvenirs d’avant 2000 et de mettre l’accent sur quelques-unes de nos séries qui ont marqué pour différentes raisons l’histoire de notre télévision. LA FAMILLE PLOUFFE Radio-Canada 1953 à 1959
Il s’agit du premier grand succès de la télévision francophone. Il semblerait qu’à part le hockey du samedi soir, c’est l’émission qui attirait le plus de cotes d’écoute. Cette série de Roger Lemelin racontait le quotidien ordinaire d’une famille vivant dans un quartier ouvrier de Montréal dans le contexte politico-religieux de l’après-guerre. Le public s’y reconnaissait.
LES BELLES HISTOIRES DES PAYS D’EN HAUT Radio-Canada 1956 à 1970
Avant d’être une série télé à succès, Séraphin et Donalda avaient déjà beaucoup d’auditeurs à la radio. Comme on le voit dans l’adaptation actuelle, on se retrouve à la fin du XIXe siècle dans le village de Ste-Adèle mené par un homme avare. Jusqu’à tout récemment, l’émission détenait un record de longévité (égalé par L’auberge du chien noir). En 1963, le 300e épisode ralliait plus de 2,3 millions de téléspectateurs.
RUE DES PIGNONS Radio-Canada 1966 à 1977
La famille est aussi au centre de cette mythique série qui a duré 11 ans. Les amours de Janine Jarry et Maurice Milot, incarnés par Marie-Josée Longchamps et Réjean Lefrançois, suscitaient énormément d’intérêt.
QUELLE FAMILLE Radio-Canada 1969 à 1974
La particularité de cette émission était d’y voir une vraie famille évoluer sous nos yeux. Janette Bertrand et son mari Jean Lajeunesse partageaient leurs scènes avec leurs enfants Martin et Isabelle. Deuxième particularité : on y abordait des sujets hautement tabous. La famille Tremblay était complètement décomplexée et avant-gardiste.
SYMPHORIEN TVA 1970 à 1977
Gilles Latulippe était la vedette de cette comédie de style Vaudeville qui racontait le quotidien du concierge d’un immeuble d’un quartier populaire et de ses colorés locataires. Fernand Gignac, Janine Sutto et Juliette Huot complétaient le joyeux quatuor qui a fait les beaux jours de Télé-Métropole.
JAMAIS DEUX SANS TOI Radio-Canada 1977 à 1980 puis 1990 à 1992
La famille est un sujet rassembleur et ce téléroman de Guy Fournier, mettant en vedette Jean Besré et Angèle Coutu, a fait bonne figure en présentant des gens plus aisés, une femme cherchant à affirmer son autonomie et une dynamique sans grand drame. On y voyait aussi de vrais enfants comédiens. La série a connu deux suites incluant Les héritiers Duval.
LE TEMPS D’UNE PAIX Radio-Canada 1980 à 1986
Nous sommes dans un Québec rural d’entre-deux-guerres où une femme mène de main de maître la terre familiale après le décès de son mari. Rose-Anna St-Cyr est d’ailleurs une pionnière qui démontrait bien l’évolution nécessaire des mentalités. C’est le premier téléroman à avoir franchi la barre du 3 millions de téléspectateurs en 1983.
LA BONNE AVENTURE Radio-Canada 1982 à 1986
Ce téléroman de Lise Payette (et Les
dames de coeur qui a suivi) mettait en vedette les préoccupations de femmes modernes. Amies, mères, conjointes, femmes de carrières, on les suivait dans leurs aspirations, mais aussi leurs coups durs, leurs remises en question et leur rôle de superwoman dans une société où la place sociale changeait.
LANCE ET COMPTE Radio-Canada 1986 à 1989, TQS 2002, TVA 2004-2006-2009-2012-2015
Le hockey est définitivement notre sport national et Réjean Tremblay s’est plu à en brosser un tableau sur plusieurs saisons en faisant une série my- thique. C’est d’ailleurs la première série à avoir été tournée avec des techniques cinématographiques ce qui est en soit une petite révolution. Pierre et Suzie Lambert et Marc Gagnon font partie de notre univers collectif.
CHAMBRES EN VILLE TVA 1989 à 1996
Cette série de Sylvie Payette a le mérite d’avoir rallié les jeunes devant leur téléviseur en relatant les hauts et les bas d’étudiants en pension dans la maison d’une femme accueillante et sans jugement. Plusieurs sujets actuels ont été abordés et de nombreux comédiens très en vue y ont fait leurs débuts. Pete (Francis Reddy) et Lola (Anne Dorval) ont captivé plus de 2,5 millions de téléspectateurs dès la 1re année.
LES FILLES DE CALEB Radio-Canada 1990 à 1991
Première adaptation d’un roman d’Arlette Cousture, on y dresse habilement le portrait d’un Québec rural du XIXe siècle à travers le regard d’une jeune institutrice, Émilie Bordeleau (Marina Orsini). L’histoire d’amour avec Ovila (Roy Dupuis) qui passait la moitié de l’année dans le bois, la multiplication des enfants dans une extrême pauvreté et la force de caractère de la protagoniste en ont fait un succès. En 1991, près de 3,7 millions de téléspectateurs étaient devant leur téléviseur.
LA PETITE VIE Radio-Canada 1993 à 1998
Si vous ne l’avez pas remarqué, cette comédie absurde est toujours en ondes et même les énièmes reprises attirent encore des cotes d’écoute. Claude Meunier a créé une satire de la famille québécoise telle qu’on la voyait précédemment sur nos ondes. Il était toujours drôle de voir retontir toutes sortes de vedettes (même Céline Dion !) dans l’univers de la famille Paré, avec sa dinde, ses vidanges et son lit debout.
4 ET DEMI Radio-Canada 1994 à 2001
Cette comédie mettant en vedette un jeune couple qui emménage pour la première fois ensemble a séduit un large public. On y suivait aussi le quotidien d’une clinique vétérinaire mené par un patron bourru. Étant donné son succès, les épisodes sont passés de 30 à 60 minutes au bout de la 2e saison.
OMERTA Radio-Canada 1996 à 1999
Luc Dionne a su brosser avec beaucoup de réalisme l’univers du crime organisé et de la mafia vu par des enquêteurs. Luc Picard et Michel Côté en étaient les vedettes. L’année de sa création, la série remportait 10 prix Gémeaux. Une de nos premières vraies séries policières.
KM/H TVA 1998 à 2006
Un père macho amateur d’autos (Michel Barrette), un garagiste un peu naïf (Gildor Roy) et leurs collègues de travail ont formé une équipe gagnante avec cette comédie de situation qui mettait l’amitié au masculin de l’avant.
UN GARS, UNE FILLE Radio-Canada 1999 à 2003
Cette émission à sketches s’est démarquée à plusieurs niveaux. D’abord son format, des vignettes très courtes, puis l’absence de visage de plusieurs rôles secondaires, et l’autodérision d’un couple ordinaire, dont les observations touchent souvent la cible. L’émission fait aujourd’hui le tour de la planète puisque le format a été adapté ou carrément diffusé dans plus d’une vingtaine de pays.