Le Journal de Quebec - Weekend
RETROUVER LE GOÛT DE LA VIE
Après Les oubliés du dimanche, un premier roman qui a reçu de nombreux prix, la photographe et scénariste française Valérie Perrin - la compagne du cinéaste Claude Lelouch - propose maintenant une histoire lumineuse avec Changer l’eau des fleurs.
Son héroïne, Violette Toussaint, est loin d’être banale : elle est gardienne de cimetière. Au milieu des tombes, des fleurs et des chats, cette femme qui n’a pas été épargnée par les épreuves tente doucement de retrouver goût à la vie et à l’amour.
Auprès des fossoyeurs au sens de l’humour irrésistible, Elvis, Nono et Gaston, et d’un curé qui se questionne sur sa vocation, Violette se découvre une nouvelle famille. Un jour, elle croise la route de Sacha, un guérisseur de l’âme, et de Julien Seul, un homme qui a l’air encore plus désemparé qu’elle.
Valérie Perrin, une écrivaine très habile pour tisser une histoire qui oscille entre le passé et le présent, fait preuve d’une grande sensibilité dans son écriture.
Elle a trouvé le ton juste pour parler d’épreuves et de résilience : une belle plume délicate et une manière d’amener lentement les choses.
« On est toujours en deuil quand on quitte
une histoire. Après Les oubliés du dimanche, je ne savais pas si j’allais écrire un autre roman ou m’arrêter », lance Valérie Perrin, jointe au téléphone.
EN NORMANDIE
« Je suis allée dans un petit cimetière qui n’est pas loin de l’endroit où j’habite, en Normandie. J’avais des bottes trop grandes. Alors je me suis assise sur la tombe des parents de mon compagnon et on a échangé nos chaussures. »
Une histoire lui trottait dans la tête. « J’aimais beaucoup l’idée du cimetière et en rentrant, je me suis dit : ce serait formidable de parler d’une gardecimetière. »
« Elle vivrait près des grilles. Les gens passeraient pour se confier, boire un verre. Elle connaîtrait les habitués, les gens de passage. Je me suis dit : ce serait un très beau point de départ. Et après, comme il n’y a que les histoires d’amour qui m’intéressent vraiment, je me suis dit, on va parler d’amour. »
DERRIÈRE LES APPARENCES
Pour elle, ce roman examine ce qui se cache derrière les apparences de tous les personnages. Qui a l’air gentil et ne l’est peut-être pas tant que ça? Qui a l’air méchant et ne l’est pas ? « C’est de cela que je voulais traiter, à travers la vie, la mort, les épitaphes. C’est aussi un hymne au présent : profi- tons maintenant qu’on est vivant. »
La garde-cimetière n’a pas eu la vie facile et après tout ce qu’elle a vécu, on pourrait croire qu’elle aurait envie de dire non à tout, même à l’amour. Pourtant, certaines rencontres peuvent changer notre vie.
« Quand on va de rencontre en rencontre, on peut aussi s’en sortir. Plus on avance dans le roman, plus on découvre des vérités et des choses qu’on n’imaginait pas à la base. »
Elle se sent proche de Violette. « C’est un portrait de beaucoup de femmes que j’ai rencontrées dans ma vie. C’est une femme généreuse, qui peut avoir un côté un peu fou, et en même temps, qui est dans l’empathie, la générosité et qui sait écouter ce qu’on lui raconte. Elle aurait dû mourir dix fois et elle est encore debout. »