Le Journal de Quebec - Weekend
LE SAGUENAY AU DÉBUT DU 20e SIÈCLE
Férue d’histoire, la romancière Louise Chevrier peint un portrait très convaincant du Saguenay du début du 20e siècle dans le premier tome de sa nouvelle série historique inspirée par l’histoire de sa grandmère maternelle, La quête d’Alice Gagnon.
Même si La quête d’Alice
Gagnon est une fiction et que les personnages sont romancés, Louise Chevrier a puisé son inspiration dans l’histoire de ses grands-parents maternels, Alice-Loretta Gagnon, dite Laurette, et Patrick Lalancette.
Son histoire commence au début du 20e siècle dans une ferme du rang SaintLouis à l’Anse-aux-Foins.
La petite Alice-Lauretta, aînée de la famille, déteste vivre à la ferme, n’en peut plus de son rôle de servante familiale et n’aime pas plus son prénom. Elle rêve d’aller à l’école et de devenir une fille de la ville, libre et indépendante.
Pour elle, Chicoutimi est la ville de ses rêves. Une ville moderne, électrifiée. Pour arriver à ses fins, Alice-Lauretta est prête à tenir tête à son père, à abandonner sa famille et à dire non à tous les prétendants qui lui tournent autour. Mais le destin réserve parfois de drôles de surprises aux rêveurs! Louise Chevrier,
après avoir écrit Les Chroniques de Chambly, s’est intéressée à sa région natale pour écrire son nouveau livre. Sa grand-mère Laurette est née à la campagne, dans un village reculé. « À l’époque, il y avait très peu de moyens de se rendre à la ville. On est dans la première décennie du 20e siècle », explique la romancière.
AÎNÉE DE FAMILLE
Sa grand-mère était une aînée de famille – un rôle qui sous-entendait de nombreuses responsabilités, à l’époque.
« Elle n’a pas voulu rester là, être prise pour être la servante toute sa vie. Et elle ne voulait surtout pas rester à la campagne : c’est quelque chose qu’elle détestait profondément. C’est intéressant, à une époque où c’est la modernité qui nous appelle. Et la modernité, elle est à la ville. Quelle est la ville rêvée pour elle ? Chicoutimi. »
Un jour, elle s’est rendu compte que la meilleure solution qui s’offrait à elle, c’était de se marier.
« Elle va choisir un homme moderne pour son époque: un gars qui travaille sur les grands barrages. Au Saguenay, l’électrification de la région était commencée. Mais l’Isle-Maligne, en 1925, c’était le plus gros ouvrage de l’époque. C’était un couple représentatif de l’époque du début du 20e siècle. C’est un peu comme ça que j’ai commencé à tisser mon histoire. »
TÉMOIGNAGES
Pour décrire l’époque avec justesse, Louise Chevrier a recueilli les témoignages de la famille.
« Les enfants de ma grand-mère sont tous vivants, ce qui donne beaucoup d’anecdotes pour nourrir le personnage. À partir de là, comme je dis aux gens de ma famille, ce n’est pas un récit biographique, c’est bien un roman, une fiction, comme j’ai procédé pour Les Chroniques
de Chambly. » Louise Chevrier a été ravie de constater à quel point les archives étaient riches, au Saguenay.
« Elles sont extraordinaires. On a beaucoup travaillé avec l’histoire orale, dans cette région. Des historiens ont fait des livres complets avec des témoignages de l’époque. Ça donne une documentation formidable pour recréer l’époque. »
LANGAGE
Même par le langage et les expressions des gens, elle recrée l’époque.
« Je fais très attention. La langue, pour moi, est un bien précieux et ce que j’aime faire, dans mes romans, c’est d’essayer de garder mes personnages dans leur époque, autant dans le décor que dans ce qu’ils disent. » Louise Chevrier a écrit la populaire saga Les chroniques
de Chambly, vendue à plus de 15 000 exemplaires.