Le Journal de Quebec - Weekend

LE POUVOIR DE L’AMITIÉ

Isabel Vincent fait un brillant et émouvant compte-rendu de ses nombreux dîners avec le père d’une de ses amies, Edward, dans un ouvrage qui témoigne du pouvoir de la résilience et de l’amitié, Dîner avec Edward.

- MARIE-FRANCE BORNAIS Le Journal de Québec

Installée à New York pour faire carrière, Isabel accepte d’aller dîner avec le nonagénair­e pour apaiser son amie. Edward traverse une période difficile à la suite du décès de sa conjointe... et Isabel est en pleine crise dans son mariage.

Isabel découvre les talents d’Edward en cuisine, son sens de l’humour vif et sa philosophi­e de vie. Leurs rendez-vous arrosés de verres de martini deviennent de formidable­s occasions de discuter, de reprendre goût à la vie et de comprendre bien des choses.

VRAIES RENCONTRES

Isabel Vincent s’est complèteme­nt inspirée de ses rencontres avec Edward – aujourd’hui décédé – pour écrire ce livre étonnant, réconforta­nt, drôle, subtil, maintenant traduit en français, en danois, en hébreu, en chinois.

« J’ai eu l’idée de prendre des notes quand Edward m’a montré tous les carnets qu’il gardait. Il collection­nait les lettres, les menus des restaurant­s, les programmes des soirées de théâtre. Il se demandait ce qui allait arriver à son décès. Ça symbolisai­t toute une vie pour lui. Je lui ai dit : tu sais, peut-être que j’en ferai quelque chose, explique Isabel Vincent en entrevue. Il n’a pas pris cela très au sérieux.

« C’était peut-être bien ancré dans mon inconscien­t parce qu’après chaque dîner, j’écrivais tout ce qu’il avait dit, je notais tout ce qu’on avait mangé. Je ne sais pas pourquoi j’ai senti le besoin de faire cela. Peut-être pour garder en tête tous ces souvenirs ? Ce qu’il disait était tellement brillant que je ne voulais pas l’oublier. »

FIDÈLE À LA RÉALITÉ

Tout ce qui est écrit dans Dîner avec

Edward est vrai. « Je n’ai rien inventé, pas même les repas. Chacun des 18 dîners que je décris est aussi fidèle que possible à la réalité. Nous avons mangé ensemble presque chaque semaine, pendant quatre ans et demi.

Edward est décédé il y a quelques années, peu après la fin de l’écriture du livre.

« Je lui ai donné une copie du manuscrit. Il était surpris et ému et se demandait qui allait être intéressé, en mentionnan­t que nous n’étions pas des célébrités. Mais ce n’est pas le cas... ce qui me fait très plaisir. »

VOIR LA VIE AUTREMENT

L’expérience lui a apporté une nouvelle manière de voir les choses, une nouvelle appréciati­on du temps qu’on passe avec les gens, spécialeme­nt pendant les repas.

« Il faut vraiment apprendre à aller plus lentement et prendre le temps de faire cela. La vie passe tellement vite !

« Edward avait enduré presque tout dans sa vie : la pauvreté, le décès de sa femme après 69 ans de mariage. C’est en quelque sorte un legs décrivant à quel point les gens peuvent être résilients et forts. Il était tellement rassurant : tout ce que je pouvais traverser était mineur considéran­t tout ce qu’il avait traversé. Edward a été une source de force pour moi. » Isabel Vincent est née en 1965 à Toronto. Elle a fait sa carrière de reporter à New York, écrivant pour des magazines aussi prestigieu­x que le New

York Times Magazine, le New Yorker, le Times et le New York Post.

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DÎNER AVEC EDWARD Isabel Vincent Presses de la Cité 190 pages

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