Le Journal de Quebec - Weekend

MYSTÉRIEUX PRISONNIER À SAINT-MALO

Fasciné par une période historique dont on sait peu de chose – la Nouvelle-France entre les voyages de Jacques-Cartier et la venue de Samuel de Champlain –, le romancier Jean Brodeur s’est penché dessus pour camper une série romanesque fort intéressan­te,

- MARIE-FRANCE BORNAIS Le Journal de Québec

Le cycle débute à SaintMalo, en 1587, sur fond de guerre de religion. Seul survivant d’une expédition d’un an et cinq mois au Canada, Dreux n’est pas sitôt débarqué qu’il est arrêté et emprisonné.

Ni lui ni son geôlier ne savent de quel crime il est accusé. Cependant, un membre de la petite noblesse veille à ce qu’il ne manque de rien.

Dans sa cellule, Dreux entreprend d’écrire le récit de son voyage en Nouvelle-France, une expédition menée par un commandant despotique.

Exténués et affamés, les hommes de- vront affronter une rude épreuve : passer un hiver en Nouvelle-France.

EXPÉDITION

Jean Brodeur, un auteur de Sainte-Catherine-de-Hatley, explique en entrevue que les faits historique­s soulevés dans le roman sont réels. « Jacques Noël a vraiment existé. Il y a eu cette expédition où trois des quatre vaisseaux qu’il avait affrétés ont été incendiés. On peut penser que c’est la compétitio­n d’autres commerçant­s, marchands, navigateur­s... mais ç’a été le point de départ de l’écriture. » Jean Brodeur se posait beaucoup de questions : « Dans notre histoire, on parle de Jacques-Cartier en 1534 et de Champlain en 1608. Entre les deux, il n’y avait rien. Je me suis demandé s’il y avait vraiment eu un grand vide et, si oui, pourquoi? » Il a commencé à creuser le sujet pour découvrir que, finalement, il n’y avait pas eu tant de choses pendant cette période. « La raison principale, c’était que la France était vraiment occupée à autre chose. Il y avait les guerres de religion, les succession­s. Pendant cette période, les projets de colonisati­on pour la Nouvelle- France sont tombés et les gens n’y allaient que pour la pêche et, à partir de 1580, pour le commerce avec les Amérindien­s. »

DOCUMENTAT­ION

Le roman est donc le fruit de ses questionne­ments et de sa quête personnell­e pour comprendre l’histoire de notre pays. Il a commencé ses recherches pendant qu’il travaillai­t encore.

« J’ai lu beaucoup, je suis allé trois fois à Saint-Malo, j’ai eu des contacts là-bas avec la Société d’histoire et d’archéologi­e de Saint-Malo. Les gens m’ont ouvert les portes de leur centre de documentat­ion. »

Comme c’est un roman, la part de fiction est présente également. « Dans la réalité, une expédition semblable a eu lieu en 1600. Il y a effectivem­ent eu un personnage historique, Pierre Chauvin, qui a laissé 16 personnes à Tadoussac pour passer l’hiver, parce qu’il voulait installer là un point de commerce. »

Jean Brodeur souhaitait que son histoire soit porteuse de connaissan­ces pour les gens d’ici. « On vit dans un merveilleu­x pays. Il y a des gens qui se sont battus pour le faire, et on a un devoir de mémoire. »

Jean Brodeur a fait carrière dans l’entreprise privée à titre de spécialist­e en développem­ent de marchés à l’internatio­nal.

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VERS LA NOUVELLE-FRANCE, TOME 1 : LE SURVIVANT Jean Brodeur Éditions Hurtubise 520 pages
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