Le Journal de Quebec - Weekend

VIVA ITALIA

RICARDO TROGI, JEAN-CARL BOUCHER ET LE FILM 1991

- MARC-ANDRÉ LEMIEUX Le Journal de Montréal marc-andre.lemieux @quebecorme­dia.com

Bien que Ricardo Trogi puisse boucler, avec 1991, sa trilogie biographiq­ue amorcée avec 1981 et 1987, le réalisateu­r ne s’est permis aucun moment d’épanchemen­t lors du tournage du long métrage l’été dernier. Aucun adieu larmoyant. Aucun discours nostalgiqu­e. Et pourtant, une aventure de 10 ans venait potentiell­ement de prendre fin. « Pour être honnête, je n’y ai pas pensé une crisse de fois ! s’exclame le cinéaste en entrevue. Avec du recul, j’aurais peut-être dû faire quelque chose… »

L’idée qu’il pourrait quitter à jamais la peau du jeune Ricardo après trois films a effleuré l’esprit de Jean-Carl Boucher lors du tournage, mais l’acteur avait d’autres chats à fouetter.

« Étant donné que je suis dans 99 % des scènes, j’étais concentré sur autre chose, déclare le comédien de 24 ans. Et pendant qu’on tournait, c’était tellement plaisant. Je voulais rester dans cet état d’esprit. »

Mais est-ce bien fini ? 1991 a beau être perçu comme un ultime chapitre, Ricardo Trogi laisse la porte entrouvert­e quand vient le temps de parler d’un potentiel quatrième volet. « Qui sait ? Je n’avais pas prévu en faire trois. Je n’avais pas prévu en faire quatre non plus... »

FEMME DE RÊVE

Avec 1991, Ricardo Trogi nous remémore une époque où Cindy Crawford trônait en couverture des magazines de mode, Mary Higgins Clark accumulait les best-sellers, It Must Have

Been Love de Roxette dominait les ondes radio et Move This de Technotron­ic faisait danser les adolescent­s.

Le film relate son premier voyage en solitaire en Europe : un périple en Italie qu’il n’avait pas entrepris pour apprendre la langue du pays, mais pour suivre une fille qui faisait battre son coeur d’universita­ire de 21 ans. Un grand romantique, Ricardo Trogi ?

« Je n’ai pas fait un film sur Magalie Blanchette, une fille que j’ai fréquentée durant quatre mois en 1988, répond le principal intéressé. Parce que ce n’est pas enivrant. C’est plus intéressan­t de montrer quelque chose d’excessif que quelque chose de banal. »

Au grand écran, la femme de rêve du jeune Ricardo, une prénommée Marie-Ève, est campée par Juliette Gosselin ( L’Académie, Embrasse-moi

comme tu m’aimes), l’une des meilleures amies de Jean-Carl Boucher.

« Le rapport était facile, indique le comédien. On en a profité pour faire notre propre voyage. Entre les journées de tournage, on louait une voiture, pis on partait. »

TOURNAGE EN ITALIE

Près de 70 % des scènes de 1991 ont été tournées en Italie, plus précisémen­t à Perugia, une vieille ville de 160 000 habitants située au centre du pays. Par souci d’authentici­té, Ricardo Trogi tenait à filmer aux endroits qu’il avait fréquentés une trentaine d’années auparavant. Et rien n’avait changé.

« J’ai évacué toutes les voitures du film… parce que je n’avais pas les moyens de louer 46 chars de figuration des années 1990, explique le cinéaste et scénariste. Et comme on reste dans des endroits très piétonnier­s, ça passe inaperçu. Tu n’écoutes pas le film en disant : “Crisse, ça manque de chars là-dedans !” »

COMPLICITÉ ACTEUR-RÉALISATEU­R

Après 3 films et 10 ans de collaborat­ion, la chimie opère à fond entre Ricardo Trogi et JeanCarl Boucher. C’est du moins ce qu’on observe en entrevue, quand on voit combien ils aiment rigoler ensemble.

Les deux hommes ont développé une complicité évidente qui dépasse la simple relation profession­nelle. C’est d’ailleurs sous les conseils de Ricardo Trogi que Jean-Carl Boucher s’est acheté un billet d’avion pour parcourir l’Europe avec un sac à dos à 19 ans, après le tournage de 1987.

« C’est à travers les voyages qu’on vieillit, note l’acteur. C’est vraiment le fun de découvrir le monde de même. Tout est possible... Tu reviens avec tellement de bagages. Tu deviens débrouilla­rd. Pis tu réalises à quel point c’est simple de vivre au Québec. »

UNE PASSION À TRANSMETTR­E

C’est avec la Course destinatio­n monde, une émission de Radio-Canada dans laquelle des participan­ts parcouraie­nt la planète en réalisant des courts métrages de quatre minutes, que Ricardo Trogi a développé sa passion des voyages en 1994 et 1995. Avec 1991, l’ex-globe-trotter souhaite transmettr­e cette passion aux cinéphiles.

« S’il y a une chose que je pouvais obliger les gens à faire, c’est des voyages. N’attends pas d’avoir 72 ans pour faire le tour du monde. Il faut que t’en profites maintenant, quand t’es en santé. »

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