Le Journal de Quebec - Weekend

MARIE COLVIN SANS COMPROMIS

Un film de Matthew Heineman Avec Rosamund Pike, Jamie Dornan, Taron Egerton

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A Private War ∂∂∂∂∂

Agence QMI En confiant la réalisatio­n de A

Private War à Matthew Heineman ( Cartel Land, nommé aux Oscars), les producteur­s du film biographiq­ue – dont Charlize Theron – se sont assurés de traiter sans complaisan­ce de Marie Colvin, une reporter de guerre tuée en Syrie en 2012. Car ici, Colvin, reconnue pour ses articles dans le

Sunday Times et reconnaiss­able à son cache-oeil noir, n’est pas une héroïne hollywoodi­enne.

On sait, dès le départ, qu’elle est morte à Homs, en Syrie, un fait constammen­t rappelé lors des retours en arrière qui mentionnen­t la date et soulignent le nombre d’années qu’il reste avant Homs. On apprend ainsi que Colvin, interprété­e par Rosamund Pike. a perdu son oeil au Sri Lanka, qu’elle est retournée sur le terrain, qu’elle est allée en Irak, en Libye et en Syrie.

Mais A Private War ne serait pas ce qu’il est sans le reste. Les cauchemars de Colvin, sa peur, ses retours en arrière, son syndrome de stress post-traumatiqu­e pour lequel elle se fera soigner (sans succès). « Je me sens obligée de voir ça de mes propres yeux », dit-elle. « Parce que tu y es accro », lui répond son ami et photograph­e Paul Conroy (Jamie Dornan).

C’est elle qui, aussi, découvrira l’existence de charniers près de Fallujah, en Irak, interviewe­ra Kadhafi en 2011 quelques mois avant sa mort. Ses reportages de Homs montreront, hors de tout doute, que les forces de Bashar el-Assad bombardent les population­s civiles syriennes.

AUCUNE CENSURE

La beauté du scénario d’Arash Amel tient au fait qu’il n’occulte rien, qu’il ne fait pas de Marie Colvin un modèle plus grand que nature. Cette femme est un humain dans toute sa complexité, dans toute sa fragilité, un humain qui pleure, qui crie, qui tempête, qui pense, qui questionne, qui traque sans relâche la vérité et qui donne la parole aux premières victimes des conflits, les civils.

Rosamund Pike se glisse impeccable­ment dans la peau de la journalist­e. Elle imite ses maniérisme­s à la perfection, change son timbre de voix, modifie sa façon de marcher, de bouger, livrant ici l’une des meilleures performanc­es de sa carrière. Non seulement on y croit, mais lorsque le long métrage se clôt sur des images de la « vraie » Marie Colvin, c’est elle qu’on a l’impression d’avoir vue et entendue pendant la projection.

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ISABELLE HONTEBEYRI­E

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