Le Journal de Quebec - Weekend

DEVENIR ADULTE EN 1990 AU SON DE LA MÉCANIQUE

- MARIE-FRANCE BORNAIS Le Journal de Québec

Dans son nouveau roman, Les chars meurent aussi, Marie-Renée Lavoie raconte la vie quotidienn­e de Laurie, une étudiante de cégep de Québec, au début des années 1990. Fille d’un garagiste et d’une femme qui gagne sa vie en surveillan­t un stationnem­ent d’hôpital, elle fait le dur apprentiss­age de la vie d’adulte, entre une aventure qui tourne court et de mauvaises nouvelles dans la famille.

À 19 ans, Laurie étudie en sciences au cégep et s’est trouvé un emploi de serveuse dans un restaurant pseudoital­ien.

Son père lui a trouvé son premier bazou, une Pony. Dans sa guérite de stationnem­ent d’un hôpital, sa mère lit des romans qu’elle mesure en nombre de pages à l’heure.

Laurie étudie, travaille au resto, prend soin de la petite Cindy, une enfant poquée, hargneuse, difficile à aimer.

Entre deux rendez-vous au garage, elle s’amourache de Romain, un gars un peu trop chic. Et trouve la force de continuer même si la vie n’est pas toujours rose, ni dans sa famille ni dans celle de ses amis.

Marie-Renée Lavoie, à qui l’on doit aussi les succès et qui sera adapté au cinéma, s’est inspirée de ses années passées à Québec, au début des années 1990, pour écrire ce roman savoureux, truffé de passages d’un comique irrésistib­le et même de blagues de garage.

Née à Québec, l’auteure a grandi dans le quartier Saint Pie-X, avant de partir pour Montréal, dans la vingtaine. Ainsi peut-elle décrire un décor qu’elle a bien connu.

LES ANNÉES 1990

« On est au début des années 1990. C’est une autre époque, une certaine classe sociale aussi. Ce n’est pas autobiogra­phique, mais évidemment, la couleur est là quand même », dit-elle.

« J’ai aussi travaillé dans plusieurs restaurant­s. C’était l’eldorado de la job d’étudiant, dans le temps, mais c’était très difficile. Ça jouait du coude. »

Elle ne connaît personne qui a travaillé dans un garage... mais ses souvenirs sont bien vivants.

« Quand on est dans Limoilou, avec les ruelles et les fonds de cour, il y a toujours des bizouneux de chars, les gars du coin qui se sont acheté une carcasse et qui passent leur vie à la remonter. Il y a toujours les bonshommes qui se retrouvent avec une p’tite bière, en train de parler dans une tête de moteur », décrit-elle.

SON « MOTEUR »

Marie-Renée fait remarquer que le quartier Limoilou a bien changé. « À une autre époque, bizouner des chars, c’était vraiment une activité sociale, comme aujourd’hui regarder des séries. » Parler d’autos avec un langage réaliste, dans son nouveau roman, a donc été son « moteur », sa turbine, son quatretemp­s. « Le char, c’est la trame de fond qui supporte le reste : les liens familiaux, la découverte de toutes sortes de petites choses. » « Le char est un peu un symbole dans ce livre, comme étant la chose par laquelle on se décrit, nous, et dont Laurie veut se défaire, parce que le char prend toute la place, dans sa vie. Elle finit par voir les humains derrière les chars, alors que les chars étaient très importants. Elle se rend compte que ce sont des objets. Ça tue, ça brise, comme le reste, finalement. »

√ Marie-Renée Lavoie a publié La

petite et le vieux (Prix littéraire de la relève Archambaul­t 2011, et gagnante du Combat des livres 2012), Le syndrome de la vis et Autopsie d’une femme plate. √ La petite et le vieux a été traduit en plusieurs langues.

√ Autopsie d’une femme plate est aussi traduit en plusieurs langues et les droits d’adaptation ont été achetés pour le cinéma et le théâtre.

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