Le Journal de Quebec - Weekend

UNE IMMERSION DANS LA TÊTE D’UNE MÈRE À BOUT

Journalist­e pigiste pour plusieurs magazines, blogueuse ( Maman 24/7), chroniqueu­se à la radio et mère de deux enfants, Maude Goyer s’est penchée sur la fameuse « charge mentale » et ses effets potentiell­ement dévastateu­rs, dans son premier roman, Maman e

- MARIE-FRANCE BORNAIS Le Journal de Québec

Son héroïne, Isabelle, est en couple avec Jean-Michel, maman de deux enfants et journalist­e. Elle tente de garder la tête hors de l’eau, de gérer l’agenda familial, la cuisine, les courses, la planificat­ion et les combats quotidiens.

Un jour, elle en a assez et décide de partir en road trip. Une « fugue volontaire », dira-t-elle au policier qui l’interroge à Winnipeg.

Au cours de ce voyage ponctué de rencontres inattendue­s et d’écarts de conduite, elle fait le bilan des dernières années et se demande où tout a basculé, pourquoi, comment, et pourquoi elle n’arrive pas à lâcher prise.

Elle finit par rentrer au bercail, pour s’apercevoir que rien n’a changé.

LA ROUTINE

Dans son roman, Maude Goyer souhaitait parler de la charge mentale.

« Je voulais qu’on plonge dans la tête de quelqu’un qui gère tout ça. Mon roman parle beaucoup de la routine et du quotidien. C’est une réflexion. On rentre dans la tête d’une mère de jeunes enfants occupée », dit-elle en entrevue.

Ce n’est pas d’aujourd’hui que les mères ont quantité de choses à gérer.

« La charge mentale a toujours existé. Elle a toujours été là. Mais enfin, on peut la nommer. On peut en parler. Et je pense qu’il faut en parler. La charge mentale peut mener à la séparation, à la dépression, à l’abîme. Ça, on n’en parle pas tant, de la conséquenc­e de la charge mentale, si elle n’est pas décortiqué­e et partagée. »

Il faut maintenant penser à la prochaine étape, ajoute-t-elle. Au next step.

« La charge mentale existe, et il y a des femmes qui la portent toute, toutes seules. Ceci dit, qu’est-ce qu’on peut faire ? »

La première chose, à son avis, est d’en parler. « Si ça suscite des discussion­s, c’est déjà une première étape. Après, il y aura des changement­s probableme­nt plus grands, par exemple avec le congé de maternité. »

LA PRESSION SOCIALE

La pression irréaliste imposée aux mères est amplifiée par les réseaux sociaux, ajoute-t-elle. « Les réseaux sociaux sont supposés être là pour nous inspirer, pour nous donner des informatio­ns pratico-pratiques sur plusieurs affaires. Ils ne sont pas supposés nous mettre plus de pression. C’est pas ça, le but. » « Avec les influenceu­rs et tout ce qui se passe dans ce milieu, je trouve qu’il y a un guet-apens et quand tu es une nouvelle mère et que tu es à boutte, à la maison, fatiguée, c’est vraiment un piège. Il faut être prudent avec ça, parce que c’est pas la vraie vie. »

QUAND TOUT BASCULE

Dans le roman, l’héroïne atteint un point de non-retour.

« Isabelle a un trop-plein et c’est un geste complèteme­nt radical qu’elle fait. C’est une façon pour elle de s’échapper de tout ça, parce qu’elle est à bout. Elle n’est pas en dépression... mais elle n’est pas heureuse. La preuve : quand elle revient, elle retourne à la case où elle était. »

Maude Goyer assure que son roman n’est pas autobiogra­phique et que le personnage d’Isabelle n’est pas son alter ego.

« Isabelle, c’est pas moi. C’est pas mon histoire. C’est vraiment une fiction. Mais il y a des moments où je me suis sentie comme Isabelle : on vient toutes, à un moment donné, à boutte. » √ Maude Goyer est journalist­e pigiste pour différents magazines, blogueuse ( Maman 24/7) et chroniqueu­se à la radio. √ Elle est mère de deux enfants.

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