Le Journal de Quebec - Weekend

LA PORTÉE DU DÉCLIN

- MAXIME DEMERS

Denys Arcand peut se targuer d’être le seul cinéaste à retrouver trois de ses longs métrages dans notre top 25 des films québécois les plus marquants de l’histoire. C’est aussi un de ses films, Le déclin de l’empire américain, qui figure au premier rang du palmarès.

Sorti en 1986, Le déclin de l’empire américain a connu un immense succès critique et commercial, restant à l’affiche au Québec pendant plus d’un an. Il a aussi marqué l’histoire en devenant le premier long métrage canadien à être nommé pour l’Oscar du meilleur film en langue étrangère.

« C’est très cohérent que Le Déclin soit le numéro 1 du palmarès parce que quand ce film est arrivé, il a reposition­né le système de valeurs [du cinéma québécois], observe le directeur général de la Cinémathèq­ue québécoise, Marcel Jean. Avec ce film, c’est la querelle historique entre le cinéma d’auteur et le cinéma commercial qui trouve une sorte de résolution. Le Déclin a changé la donne. C’est un film qui a eu un succès commercial absolument exceptionn­el et qui, du même coup, s’est rendu aux Oscars et a remporté toutes sortes de prix. Le Déclin a donc ouvert la voie pour d’autres cinéastes comme Jean-Claude Lauzon et Léa Pool et pour tous les autres films d’Arcand qui ont suivi. Il y a un nouveau souffle qui a été initié par Le Déclin de l’empire américain.

« C’est aussi un film qui avait une grande résonance politique. On y voyait des profs d’histoire qui, à la suite de la défaite référendai­re, rentraient dans un courant totalement individual­iste. C’était un peu la conclusion du documentai­re Le confort et l’indifféren­ce qu’Arcand avait fait avant. Il y a beaucoup de sincérité dans ce film parce qu’Arcand, en tant qu’historien, lui-même appartenan­t à cette génération-là, savait très bien de quoi il parlait. »

ET DEUX FEMMES EN OR ?

Comme tout palmarès du genre, notre top 25 des films québécois les plus marquants ne fera pas l’unanimité. Les codirecteu­rs actuels de l’organisme Éléphant : mémoire du cinéma québécois, Marie-José Raymond et Claude Fournier, regrettent notamment l’absence de films de cinéastes importants, comme Jean-Pierre Lefebvre, Robert Morin et André Forcier.

« Pour moi, Le vent du Wyoming d’André Forcier, qui a tout récemment été restauré par Éléphant, est un des grands films québécois. Forcier est, à sa façon, un des cinéastes importants de notre cinématogr­aphie », indique Marie-José Raymond.

Pour Marcel Jean, certains films populaires comme Deux femmes en or et Valérie auraient aussi dû figurer dans cette liste : « En terme de succès commercial, Deux

femmes en or est de l’envergure, sinon supérieur à ce qu’on a vu récemment avec Bon Cop, Bad Cop et De père en flic, souligne-t-il. Deux femmes en or et Valérie sont aussi des films qui ont déterminé ce que va être le cinéma commercial québécois pour les années suivantes, jusqu’à l’arrivée du Déclin de l’empire américain. »

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