Le Journal de Quebec - Weekend

QUE CHANTERA-T-ON EN FRANÇAIS DANS 50 ANS ?

En s’associant au spectacle Francostal­gie, qui fait revivre 65 succès de la chanson francophon­e de 1965 à 1995, l’animateur Michel Drucker tourne son regard vers le passé tout en gardant un oeil vers le futur. Un avenir qu’il souhaite tout aussi reluisant

- CÉDRIC BÉLANGER Le Journal de Québec cedric.belanger @quebecorme­dia.com

Sans renier la qualité des chansons produites par les artistes francophon­es contempora­ins, Drucker se demande en effet combien d’entre elles franchiron­t l’épreuve du temps.

« La nouvelle génération arrive avec des musiques différente­s. Il y a beaucoup de rap, de rythmes et d’inspiratio­ns nouvelles, d’auteurs issus de l’immigratio­n qui ont apporté leurs couleurs et leur créativité. Mais ce qui m’intéresse, c’est de savoir quelles sont les vraies mélodies qu’on pourra fredonner dans cinquante ans et qui sont nées aujourd’hui. Parce que je suis très attaché à la durée et au temps qui passe. »

Le défi est de taille. Selon celui qui cumule presque 55 ans de télévision en France, les grands classiques intemporel­s, comme ceux de Brel, Aznavour ou Céline Dion, ne sont pas faciles à déloger.

« Toutes ces chansons, tout le monde les connaît et elles n’ont pas vraiment été remplacées. Est-ce que les autres chansons qui sont arrivées laisseront une trace aussi importante ? Ce n’est pas évident parce que les chansons qui ont traversé le siècle, qui sont nées il y a cinquante ans et qu’on fredonne encore aujourd’hui, elles ne sont pas si nombreuses », soupèse-t-il.

QUI SERONT LES PROCHAINS ?

Au cours de ce demi-siècle et des poussières de présence constante au petit écran, Michel Drucker a non seulement été le témoin privilégié de l’épanouisse­ment de la chanson française, mais il a pu observer de près l’ascension vers le succès en France de plusieurs artistes québécois, à commencer bien évidemment par notre Céline nationale.

Il est donc bien placé pour déterminer qui seront les prochains représenta­nts du fleurdelis­é à faire battre le coeur de ses compatriot­es. À cette question, rapidement, Drucker nomme Coeur de pirate, dont il ne rate jamais une occasion de vanter le talent. « Elle a quelque chose de particulie­r. » Il évoque aussi Rachid Badouri et Fred Pellerin.

« Mais une chose est sûre, tient-il à préciser, la nouvelle génération de Québécois chante très, très bien. Est-ce que c’est la discipline ou le fait que vous soyez tout proches du géant américain ?

En tout cas, je ne connais aucun chanteur québécois qui ne chante pas bien. Ils ont tous des voix incroyable­s. Ce n’est pas un hasard si, par le biais de la comédie musicale, beaucoup de Québécois sont venus chanter en France. Il y a une rigueur, un profession­nalisme, un sérieux et une puissance vocale. »

« TOUS ATTIRÉS PAR LE QUÉBEC »

À l’inverse, Michel Drucker ne peut que constater que les artistes européens francophon­es qui remportent d’immenses succès populaires au Québec, du calibre d’un Patrick Bruel par exemple, se font de plus en plus rares ces dernières années à l’exception notable de Stromae.

« C’est vrai que pour l’instant, ça s’est arrêté à Bruel. À Cabrel, à Renaud. Il n’y en a plus beaucoup qui s’imposent. Mais ça va peut-être venir parce qu’ils sont tous attirés par le Québec. Ils y rêvent tous parce que pour eux, c’est un peu le rêve américain. »

Alors pourquoi ce creux de vague ? « C’est peut-être leur entourage qui considère que le marché québécois n’est pas assez important pour eux. Si c’est le cas, ils se trompent complèteme­nt. Complèteme­nt. Parce qu’il y a un public fidèle qui aime beaucoup la chanson française chez vous. »

À bon entendeur...

Le spectacle Francostal­gie sera en tournée au Québec, cet hiver, avant de s’installer l’été prochain au Capitole de Québec, du 31 juillet au 15 septembre 2019.

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada